
« Aucun pays au monde n’a jamais bâti son développement sur la fraude et la contrebande. (…) C’est pourquoi j’en appelle au sens de responsabilité et au civisme fiscal des transporteurs de marchandises utilisant des motocyclettes ou des véhicules de marque Starlet. J’exhorte ceux qui opèrent encore dans l’illégalité, à emprunter les routes légales qui mènent vers les bureaux des douanes les plus proches, quand bien même le relief se prête à la tentation de l’incivisme, les poussant à se soustraire de leur devoir de citoyen et républicain : celui de s’acquitter des droits et taxes de douane dus». Ainsi s’est exprimé le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, le 20 janvier 2025 à Garoua.
Le choix de la capitale régionale du Nord, pour tenir ces propos, n’est pas anodin. En effet, selon les douaniers, en raison d’une longue et poreuse frontière avec le géant voisin du Cameroun qu’est le Nigeria, les régions septentrionales du pays (Nord, Adamaoua et Extrême-Nord) sont parmi les terreaux de la contrebande et de la fraude douanière. De sources locales, profitant d’un relief rendant parfois difficiles les contrôles douaniers, des centaines de véhicules de marque Starlet et des motocyclettes, telles que cités par le ministre, écument quotidiennement la frontière Cameroun-Nigeria. Pour importer divers produits, en échappant à tout contrôle douanier.
Les produits les plus cités dans les données douanières sont le ciment, le sucre, ou encore les emballages en plastique. Mais, à côté de ces produits interdits d’importation sur le territoire camerounais, les contrebandiers et fraudeurs de la partie septentrionale importent également, sans passer par la douane, des pagnes, du carburant communément appelé « zoua-zoua », des motocyclettes en pièces détachées, des cigarettes, des produits pharmaceutiques et alimentaires, etc.
Pour inverser cette tendance, le ministre Motazé a instruit ses collaborateurs, notamment ceux de la région du Nord, de sensibiliser les opérateurs économiques sur les méfaits de la contrebande et de la fraude douanière. « Une campagne de sensibilisation doit être menée dans ce sens par les opérationnels douaniers, de manière permanente, avec les groupes des opérateurs et les filières, mais également dans les marchés, les écoles, les lieux de culte et les points de déchargement ou de chargement des marchandises », a insisté le ministre des Finances.
Entre janvier et septembre 2024, « l’administration douanière (…) a intensifié les opérations de lutte contre les trafics illicites et la criminalité transnationale organisée, ayant abouti à plusieurs saisies de marchandises pour une valeur estimée à près de huit milliards de FCFA », révèle par exemple le Premier ministre camerounais. Joseph Dion Ngute s’exprimait ainsi le 1ᵉʳ décembre 2024 à Yaoundé, lors de la présentation à l’Assemblée nationale du Programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2025.
BRM
Lire aussi:
03-02-2017 - La contrebande sur le ciment Dangote fait chuter les prix dans la partie septentrionale du Cameroun |
- Droit