
Le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a suspendu, à titre conservatoire, la production et la commercialisation de l’eau de table en bonbonnes de la marque Aura Cameroun. Signée le 6 mai 2025, cette décision fait suite à la mise sur le marché d’une eau jugée impropre à la consommation.
Le Réseau national des consommateurs du Cameroun (RNC) salue cette mesure « préventive » conforme aux normes internationales et appelle à une enquête élargie sur toutes les marques d’eau de table au Cameroun, afin d’éviter toute accusation de partialité. Il invite également les ministères du Commerce, de la Santé publique, ainsi que celui des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique à agir rapidement pour mieux protéger les consommateurs.
Selon le RNC, la plupart des produits vendus comme « eaux minérales naturelles » au Cameroun seraient issus de procédés d’ultrafiltration ou d’osmose inverse. L’organisation alerte sur les risques sanitaires potentiels liés à ces eaux qui pullulent sur le marché camerounais.
À la source du scandale
Bien que la mesure ait été prise en mai, l’affaire remonte au mois de mars dernier. Tout commence par une alerte lancée le 17 mars 2025 par Philippe Camille Akoa, directeur général du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom). Des analyses réalisées sur l’eau consommée au sein du siège de cette institution à Yaoundé ont révélé la présence de matières fécales.
Selon le DG du Feicom, les fontaines fournies par Aura Cameroun, installées dans les locaux pour offrir au personnel « des conditions de travail propices à la productivité et à leur épanouissement professionnel », étaient à l’origine de cette contamination.
À la suite de ces résultats alarmants obtenus lors d’une analyse en laboratoire faite par le Centre Pasteur, la distribution d’eau a été immédiatement suspendue dans les locaux, et toutes les bonbonnes retirées. Le Feicom a également exigé de la société Aura Cameroun la réalisation de tests complémentaires ainsi que la mise en œuvre de mesures correctives, conformément à la réglementation sur la qualité de l’eau potable au Cameroun.
Contestation d’Aura
Dans une lettre datée du 19 mars 2025, Aura Cameroun a contesté les conclusions du Centre Pasteur. Spécialisée dans le traitement de l’eau destinée à la consommation humaine, industrielle et hospitalière, l’entreprise s’est dite « vivement interpellée » par la nature de la contamination.
« Bien que nous soyons conscients que le risque zéro n’existe pas, une telle contamination est extrêmement rare et grave », a écrit la société, qui affirme avoir toujours fourni les documents attestant de la qualité de son eau.
Aura Cameroun a demandé des précisions sur la méthodologie des prélèvements et des tests, estimant ces informations « indispensables pour comprendre l’origine de cette contamination et prendre, le cas échéant, les mesures correctives nécessaires ». L’entreprise regrette également de ne pas avoir été invitée à une réunion préalable à la publication de la note du Feicom, qu’elle juge préjudiciable à son image.
Thierry Christophe Yamb
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