Au cours du premier semestre 2024, la société Eneo, concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, revendique la réalisation de 64 000 nouveaux branchements dans le pays, selon son bulletin d’information trimestriel dédié au service de l’électricité. L’entreprise précise que sur le volume de branchements ainsi réalisés en six mois, 60 000 l’ont été dans le cadre du Projet d’électrification rurale et d’accès à l’énergie dans les zones sous-desservies au Cameroun (Perace).
Facilité gouvernementale financée par la banque mondiale, le Perace consiste à faire exécuter les branchements au réseau électrique national, « sur la base du paiement d’une portion minimale du devis, le reste s’étalant sur plusieurs mensualités », explique Eneo. « Les performances du premier semestre 2024 portent à 163 000 le nombre de connexions au réseau Eneo réalisées dans ce cadre depuis 20 mois, permettant ainsi d’atteindre les objectifs initiaux du projet Perace. L’objectif est désormais d’atteindre le cap de 240 000 branchements à la fin du mois de juin 2025 », annonce le distributeur exclusif de l’électricité au Cameroun, dont le capital est contrôlé par le fonds d’investissements britannique Actis.
À côté de la connexion au réseau électrique des populations n’ayant jusque-là pas accès à l’électricité, le Perace promeut également l’utilisation des compteurs prépayés, qui permettent aux clients de mieux contrôler leurs consommations. Mais aussi de réduire les charges d’Eneo, à travers la suppression, pour les clients prépayés, des coûts liés à la relève mensuelle des compteurs ; et d’éviter les erreurs de facturation, qui sont parmi les principaux cas de litige entre Eneo et ses clients, selon la compagnie d’électricité. « La mise en œuvre du Perace vulgarise aussi la solution prépayée, en ce sens que l’une des conditions pour bénéficier de la facilité est d’accepter le compteur prépayé. Au terme du premier semestre 2024, 739 000 clients d’Eneo utilisent le compteur prépayé, soit 35% » des plus de 2 millions de clients actifs, recensés par l’entreprise au 30 juin 2024, apprend-on officiellement.
Pour rappel, le Perace a été approuvé par le Conseil d’administration de la banque mondiale en 2018, mais est exécuté depuis l’année 2022. Ce projet a pour but d’électrifier 687 localités dans six régions du Cameroun (Extrême Nord, Nord, Adamaoua, Est, Sud-Ouest et Nord-Ouest), à travers la construction et la réhabilitation des lignes de moyenne et basse tensions. Le projet a déjà bénéficié d’un financement d’environ 85 milliards de FCFA. Cette enveloppe est destinée à l’électrification de 417 localités et la réalisation d’environ 120 000 branchements dans cinq régions (Extrême Nord, Nord, Est, Sud-Ouest et Nord-Ouest), sur un objectif de 160 000 à l’horizon 2025. Mais, sur la foi des données publiées par Eneo, cet objectif est dépassé à date. D’où le nouveau cap de 240 000 nouveaux branchements fixé pour juin 2025.
Cependant, pour atteindre ce nouvel objectif, il faut boucler les négociations relatives aux financements complémentaires, en cours avec la Banque européenne d’investissement (BEI). En effet, le Cameroun recherche des financements complémentaires d’environ 39 milliards de FCFA, pour boucler les travaux d’électrification rurale dans les régions de l’Adamaoua et du Nord, et la réalisation d’environ 100 000 branchements. L’Union européenne (UE) a déjà mobilisé une subvention de 10,6 milliards FCFA pour compléter le financement attendu de la BEI. L’impact du projet est considérable. Selon les officiels, le Perace devrait améliorer les conditions de vie de près de 2 millions de personnes dans les régions concernées, du fait de l’utilisation de l’électricité au quotidien.
Brice R. Mbodiam
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