
Pas moins de 148 comptes publics, répartis dans 16 banques commerciales, concentrent à ce jour plus de 711 milliards de FCFA d’argent public. Ces chiffres actualisés ont été communiqués par Sophie Boumsong, chef de la division de la Réforme budgétaire au ministère des Finances et coordonnatrice du Projet d’appui à la gouvernance financière – phase III (PAGFI III). Ces dépôts proviennent pour l’essentiel de l’administration centrale et des établissements publics, en dehors des financements extérieurs.
Selon les données de la Direction générale du Trésor, de la coopération financière et monétaire du ministère des Finances, la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (BICEC) conservait, à fin 2023, près de 20 milliards de FCFA sur 25 comptes. De son côté, AFG Bank Cameroun (ex-Atlantique Banque Cameroun) abritait 255 milliards de FCFA sur 14 comptes. UBA totalisait 135 milliards de FCFA logés dans 8 comptes, tandis que la SCB concentrait 43 milliards de FCFA dans 21 comptes.
Reforme à la peine
Pourtant, la réforme budgétaire de juillet 2018 prône l’unicité de caisse avec la centralisation des encaissements et la décentralisation des décaissements. Dans cette logique, le PAGFI est chargé de rapatrier ces fonds vers le Compte unique du Trésor, logé à la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC).
Des responsables du ministère des Finances indiquent cependant que les établissements publics opposent une forte résistance à cette centralisation. Ces entités préfèrent garder la main sur leurs ressources, freinant ainsi le processus de rapatriement.
Le gouvernement, quant à lui, rappelle que le Compte unique du Trésor permettrait une gestion plus efficace des dépenses publiques à l’échelle nationale. Il contribuerait aussi à renforcer la crédibilité de la signature de l’État sur les marchés financiers et à harmoniser les délais de paiement autour de trois mois.
Conséquences
Sur ce point, le ministère des Finances souligne que les retards dans le paiement des prestations de l’État s’expliquent notamment par l’insuffisance de liquidités dans le Compte unique du Trésor. Or, à la fin de l’année 2023, 711 milliards de FCFA étaient encore retenus dans les banques commerciales, alors que les restes à payer de l’État atteignaient 387 milliards de FCFA.
Paradoxalement, le gouvernement a continué à mobiliser des ressources sur le marché monétaire. À fin 2024, le Cameroun avait émis pour 252 milliards de FCFA d’Obligations assimilables du Trésor et 637 milliards de FCFA de Bons du Trésor assimilables, générant 38 milliards de FCFA d’intérêts à rembourser. Dans le même temps, ses marges de trésorerie restaient disponibles, mais inaccessibles, dans les comptes bancaires commerciaux.
Face à cette situation, le ministre des Finances a exhorté l’équipe du PAGFI III à intensifier ses efforts pour améliorer la gestion de la trésorerie de l’État et renforcer le pilotage du service bancaire public.
Ludovic Amara
Lire aussi:
19-06-2023 – Finances publiques : le Cameroun obtient plus de 10 milliards de FCFA de la BAD pour améliorer la gouvernance |