La Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), la super-mairie de la capitale camerounaise, vient de publier les résultats de l’appel d’offres international ouvert, lancé en procédure d’urgence en juin 2024, pour le recrutement de prestataires devant assurer la collecte des ordures ménagères dans la ville. Sur les quatre lots proposés dans le cadre de ce contrat, la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) remporte trois lots, pour un contrat de plus de 45 milliards de FCFA. L’appel d’offres pour le 4è lot a été déclaré infructueux.
L’attribution de ce contrat survient dans un contexte de crise des ordures, qui perdure dans la capitale depuis des années. Pour atténuer la crise, la CUY a dû, il y a quelques années, ouvrir à la concurrence ce marché sur lequel Hysacam régnait de façon monopolistique depuis des années. Mais, l’arrivée de la société Thychlof Sarl n’aura non plus réussi à nettoyer davantage la capitale camerounaise. La faute à l’explosion démographique, corollaire de la production davantage d’ordures ; l’incivisme des populations ; et surtout l’insuffisance des moyens financiers destinés au ramassage des ordures ménagères. Cette dernière réalité, qui plombe l’efficience dans la politique de ramassage des ordures ménagères au Cameroun, provoque généralement l’accumulation des impayés au profit des prestataires par l’Etat. En effet, c’est le Trésor public qui assure jusqu’ici 85% de la facture, contre 15% pour les communes et les communautés urbaines.
Afin de se procurer davantage de moyens financiers pour cette activité, l’Etat a institué, dans la loi de finances de 2019, le droit d’accise spécial sur le ramassage des ordures. Mais, jusque-là, le niveau de collecte de cet impôt, dont le fruit n’est d’ailleurs généralement pas reversé aux communes et communautés urbaines dans les délais, ne garantit toujours pas une collecte optimale des ordures ménagères dans les villes camerounaises. A titre d’exemple, selon les données de la direction générale des douanes du ministère des Finances, sur la période de 3 ans allant de 2020 à 2022, le Cameroun a collecté une enveloppe globale de 60,6 milliards de FCFA au titre de cette taxe, soit 12,5 milliards en 2020, 15,8 milliards en 2021 et 32,2 milliards en 2022.
En comparaison avec les besoins des collectivités territoriales décentralisées (CTD), l’enveloppe collectée au cours de la période de 3 ans sous revue s’avère insuffisante pour collecter les ordures dans le pays sur un seul exercice budgétaire. En effet, selon le décret du Premier ministre du 24 juillet 2023, qui fixe les modalités de recouvrement, de centralisation, de répartition et de reversement du produit de cette taxe, 17,5% de l’enveloppe annuelle doit être réservée à chacune des deux Communautés urbaines de Yaoundé et de Douala.
En considérant que les 60,6 milliards de FCFA collectés entre 2020 et 2022 représentent le fruit de la collecte au cours d’un seul exercice, les Communautés urbaines de Douala et Yaoundé encaisseraient chacune 10,6 milliards de FCFA. Or, selon une étude de la Banque mondiale remontant à 2016, citée par Jean-Pierre Ymele, le directeur général de Hysacam, la capitale camerounaise avait besoin à elle seule, à cette époque, d’un minimum de 15 milliards de FCFA chaque année pour garantir la collecte des ordures. Rendu en 2024, cette enveloppe est certainement à revoir à la hausse, avec l’explosion démographique observée dans la capitale.
BRM
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