
Les ministres de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey, et de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, ont récemment annoncé que le Cameroun a besoin de 276 milliards de FCFA pour financer la construction de 300 mini-réseaux d’adduction d’eau potable en milieu rural. Selon le ministre Gaston Eloundou Essomba, ce projet a pour but d’« accroître le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural de 6 % et le taux de desserte à 7 % ». Ce projet devrait permettre de fournir chaque jour 41 000 m³ d’eau potable à plus d’un million de Camerounais d’ici 2050. Ledit projet, apprend-on, fait suite à des études détaillées réalisées entre 2022 et 2023, grâce au financement de la Banque africaine de développement (BAD). Ces études ont permis d’identifier les zones prioritaires et de définir les technologies les plus adaptées pour chaque réseau.
De sources officielles, ces mini-réseaux d’adduction d’eau potable auront une durée de vie de 25 ans. Chaque réseau comprendra un captage d’eau, un poste de traitement et de pompage, un système d’automatisation des installations, des ouvrages de stockage, un réseau de distribution et des bornes-fontaines. Ces installations seront alimentées par de l’énergie solaire photovoltaïque, garantissant ainsi une solution durable et respectueuse de l’environnement. En termes d’impact social, le projet permettra d’augmenter l’approvisionnement en eau à raison de 35 litres par habitant et par jour, contre seulement 20 litres actuellement en zone rurale.
Pour concrétiser ce projet, le gouvernement a organisé une table ronde à Yaoundé, le 4 mars 2025, réunissant des représentants d’institutions financières internationales, d’agences de coopération au développement, ainsi que des responsables des administrations publiques. Cette rencontre avait pour objectif de présenter les études de faisabilité du projet aux bailleurs de fonds et de recueillir leurs intentions de financement. La Banque mondiale, qui soutient déjà le secteur de l’approvisionnement en eau au Cameroun, a pris l’engagement de financer la construction d’au moins 100 mini-réseaux dans les trois régions septentrionales du pays (Nord, Extrême-Nord et Adamaoua).
De son côté, la la BAD, qui a par exemple financé le Projet d’alimentation en eau potable et d’assainissement en milieu semi-urbain (Paepa-Msu) au Cameroun, prévoit d’intégrer ces mini-réseaux dans le cadre de la mise en œuvre de barrages collinaires dans le Septentrion. Elle compte également associer ces projets à d’autres infrastructures structurantes. D’autres bailleurs de fonds ont exprimé leur intérêt pour le projet, et leurs engagements financiers seront confirmés après validation interne, indique le service de communication du ministère de l’Economie.
L’accès à l’eau potable en milieu rural constitue un enjeu majeur pour le gouvernement, en particulier dans un contexte marqué par des disparités persistantes entre les zones urbaines et rurales. D’après l’Enquête sur l’accès à l’énergie, à l’eau et à l’assainissement menée en 2021 par le ministère de l’Eau et de l’Énergie, avec le soutien de l’Institut national de la statistique (INS), seulement 48 % des ménages ruraux disposent d’un service d’approvisionnement en eau potable, contre 82 % en milieu urbain. Cette inégalité souligne l’urgence de développer des infrastructures d’eau potable dans les zones rurales afin de réduire les disparités et d’améliorer les conditions de vie des populations. Ce projet de construction de 300 mini-réseaux d’adduction d’eau potable s’inscrit dans la volonté du gouvernement camerounais d’atteindre un taux d’accès à l’eau potable de 90 % d’ici 2030 dans le cadre de sa Stratégie nationale de développement (SND30), alors que le taux actuel est de seulement 56 %, selon les données officielles.
Patricia Ngo Ngouem