A l’issue du deuxième sommet des médias partenaires de l’Union Africaine de radiodiffusions (UAR) sur le changement climatique et la réduction des risques de catastrophes, le 13 février dernier, son directeur général donne son appréciation du déroulement des travaux de ces importantes assises de Dakar. Il s’exprime surtout sur le rôle de la radio dans la lutte contre les impacts du changement climatique.
Au terme du deuxième sommet des médias de l’Union Africaine de radiodiffusion sur le changement climatique et la réduction des risques de catastrophes, quelle est votre appréciation du déroulement des travaux ?
Comme on a l’habitude de le dire, on ne peut pas être à la fenêtre et se voir passer dans la rue. Je crois que vous avez été témoin vous-même. Vous avez tout vu et entendu. Que dire ! Vous avez pu apprécier par vous-même tout le déploiement et toute la mobilisation et tout le mouvement d’enthousiasme qu’il y a eu autour de cet événement. À la cérémonie d’ouverture on a eu droit à la présence de trois ministres dont deux de la République du Sénégal qui sont venus représenter le Premier ministre chef du gouvernement Ousmane Sonko. Il s’agissait du ministre de l’Environnement qui était le chef de cette délégation et le ministre de la Communication. Je prends d’ailleurs avantage de votre interview pour remercier solennellement le gouvernement de la République du Sénégal pour tout ce qu’il fait pour le développement des médias et l’encadrement de qualité dont nous avons bénéficié dans l’organisation de cet événement. Il ne vous a pas aussi échappé que la Gambie a envoyé son ministre de la Communication à cet événement. Le ministre gambien qui il faut le souligner est resté jusqu’à la fin des travaux. Vous avez enfin apprécié la qualité des exposés et des débats de très haut niveau avec des experts venus des quatre coins de la planète nous entretenir sur les impacts négatifs du changement climatique sur notre vie de chaque jour. Donc pour moi cette rencontre qui s’achève par une visite de l’île de Gorée en proie aux effets du change[1]ment climatique – ce qui n’est qu’une cerise sur le gâteau – a été un véritable succès. Cette visite est organisée sous les auspices du gouvernement du Sénégal à travers le ministère de l’environnement qui y développe depuis quelque temps un programme ambitieux qui vise à limiter les effets néfastes du changement climatique dans cette île. En tant que DG de L’UAR je ne peux que me réjouir de ce succès. Ce d’autant plus qu’à l’issue de cette rencontre les journalistes participants ont décidé de se constituer en réseau et de former une coalition pour lutter contre les effets négatifs du changement climatique. Ce qui constitue à mon avis un grand motif de satisfaction.
Comment pensez-vous que la radio et les journalistes peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre le changement climatique et comment comptez-vous les accompagner dans ce défi ?
Votre question me suggère la réflexion autour de la problématique de la destruction de la végétation et de la nature en général dans le nord et l’extrême-nord de mon propre pays le Cameroun où depuis un certain temps des efforts sont faits par les ONGs de protection de la nature mais aussi au niveau des médias et des journalistes de cette partie du pays, notamment la Crtv pour essayer d’alerter les populations sur les dangers du changement climatique et les sensibiliser sur l’importance de la lutte contre cette menace. Ces efforts sont aussi palpables au niveau des gouvernants à travers le ministère de l’Environnement. J’ai d’ailleurs encore pris avantage de ce séminaire pour attirer l’attention des responsables du GREEN FUND qui finance les émissions de ces journalistes sur la situation particulière de mon pays. Je crois que nous avons besoin au niveau des chaînes de radio et de télévision qui opèrent dans la partie septentrionale que les journalistes soient non seulement outillés mais qu’ils aient les moyens pour produire des émissions dédiées à la cause de la lutte contre les impacts du changement climatique. Je me réjouis que la GREEN FUND ait prêté une oreille attentive à notre démarche.
Pouvez-vous énumérer quelques actions menées par L’UAR dans cette lutte contre les effets du changement climatique depuis le premier sommet ?
Voyez-vous la tenue d’un sommet comme celui que nous venons d’organiser n’est que l’aboutissement d’un long travail déjà effectué sur le terrain en termes d’actions, de confrontation d’idées et d’échanges d’expériences entre les différents acteurs. Alors depuis environ cinq ans, l’UAR a formé et recyclé un peu plus de 900 journalistes sur les questions de changement climatique et dans d’autres domaines. C’est un travail qui se fait avec la collaboration ou l’appui du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR). C’est un programme phare de l’UAR que nous prenons sérieusement à cœur. Je me réjouis singulièrement de l’ampleur prise par celui-ci avec l’organisation de ces sommets dont l’apport est considérable en termes d’introduction de nouvelles idées et approches dans les stratégies de lutte contre les effets désastreux du changement climatique. Nous avons organisé et financé des coproductions sur ces questions-là.
Au moment où je vous parle nous sommes en train de travailler sur la réduction des effets du Tsunami. Comment se prémunir contre ce phénomène ?
Comment minimiser les effets de cette catastrophe naturelle sur les populations ? J’ai bon espoir que dans les prochains jours, semaines ou mois nous aurons sur les bras une série d’émissions sur la réduction des risques en cas de tsunami. Comme nous le voyez l’UAR est constamment sur le terrain. Nous essayons de concentrer et d’orienter nos efforts aux côtés des journalistes pour qu’ils se mettent au service des populations. Et la radio s’y prête véritablement. Car malgré tous les bouleversements survenus dans l’univers médiatique avec l’arrivée du digital et d’autres canaux de diffusion des informations beaucoup plus performants la radio reste et demeure le meilleur moyen de tous. Sa force de pénétration est inégalable. C’est pour raison qu’au niveau de l’UAR nous nous faisons le devoir de revaloriser cet outil de transmission rapide de l’information. Dans quelques semaines nous allons organiser à Alger une importante rencontre dont l’objectif sera de souligner le rôle de la radio dans le monde médiatique. Ce sera une grande première depuis la création de L’UAR. Je tiens déjà à remercier le gouvernement de la République populaire et démocratique d’Algérie pour sa contribution et son soutien à l’organisation de ces assises. Cette première session de formation va regrouper les journalistes des quatre coins du continent. Il s’agira de ré[1]fléchir sur la meilleure manière de redonner ses lettres de noblesse à la radio.
Depuis que vous êtes à la tête de l’UAR vous n’avez de cesse de mettre l’accent sur la formation des journalistes radio dans différents domaines. Vous en avez fait votre cheval de bataille qui est en passe de devenir le principal marqueur de votre passage à la tête de cette organisation continentale. Qu’en est-il des résultats ou du bilan de cette mission de formation ?
Lorsqu’on parle de l’UAR il ne s’agit pas que du directeur général que je suis. Les gens ont souvent cette fâcheuse tendance à ne parler que de Grégoire Ndjaka. Nous sommes une équipe d’hommes et de femmes qui travaillent au quotidien pour la réussite et l’épanouisse[1]ment de cette institution. C’est cette équipe dynamique qu’il faut mettre en avant et pas moi qui n’est qu’un maillon de cette chaîne de solidarité entre le personnel de l’UAR. Je peux vous affirmer que cette équipe est un don de Dieu pour moi. Je voudrais d’ailleurs saisir cette occasion que vous m’offrez à travers cette interview pour la remercier du soutien qu’elle m’apporte au quotidien pour la réussite des missions de notre organisation. C’est donc cette équipe qu’il faut mettre en avant et pas moi. Nous avons à l’UAR une équipe soudée et dynamique d’hommes et de femmes qui travaillent parfois les samedis et dimanches sans rechigner parce qu’on veut atteindre un objectif. Rendons à César ce qui est à César. Je ne suis qu’un humble serviteur et encadreur. Que prévoit l’agenda de l’UAR par rapport à cette lutte contre les effets négatifs du changement climatique.
Peut-on s’attendre à un troisième sommet sur le même sujet ?
Bien sûr qu’on peut s’attendre à un troisième voire un quatrième et même un cinquième. Tout dépend de l’urgence du moment. Les hommes passent et les institutions ou les structures demeurent. Il est toujours bon de copier ce qui est bien. Je pense que le bilan de ces sommets ne donnera pas beaucoup de choix aux futurs dirigeants de l’UAR. D’autant plus que la lutte contre les effets du changement climatique est un défi permanent. Et cette lutte doit continuer.
Propos recueillis par Etienne Kounga à Dakar