
Tout au long de l’année 2024, le Cameroun a été le principal moteur de l’inflation au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), selon le rapport de politique monétaire publié le 1er avril 2025 par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), l’institut d’émission commun aux six pays de la zone (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et République centrafricaine). “En termes de contributions relatives par pays, en glissement annuel à fin décembre 2024, le Cameroun, représentant 52% de la consommation totale dans la région et affichant un taux d’inflation élevé de 5%, demeure le principal facteur des pressions inflationnistes dans la sous-région”, indique le document.
Concrètement, apprend-on, la contribution du Cameroun à l’inflation « a atteint 61,5 points » à fin décembre 2024, après avoir culminé à 57 points au premier trimestre de la même année. Cette évolution s’explique par la nouvelle hausse des prix des produits pétroliers à la pompe intervenue au cours du premier trimestre 2024 (après celle de 2023), entraînant une augmentation des coûts des transports et des produits de consommation courante sur les marchés.
En revanche, en glissement annuel, la contribution du Cameroun à l’inflation dans la zone CEMAC a diminué, passant de 65,2 points à fin 2023 à 61,5 points à fin 2024. Cela marque un fléchissement de 3,7 points entre les deux périodes. Cette tendance peut être attribuée à la modération de la hausse des prix des carburants en 2024 par rapport à celle de 2023. En effet, tandis que l’augmentation décidée par le gouvernement en 2024 n’a été que de 15% pour le super et le gasoil, elle avait atteint 15,8%, 25,2% et 36,5% en 2023, respectivement pour le super, le gasoil et le pétrole vendu aux industriels.
Le rôle des prix des carburants dans les poussées inflationnistes dans la Cemac a également été observé au Tchad, qui a été le 2ᵉ contributeur à l’inflation dans cet espace communautaire en 2024, loin derrière le Cameroun. En effet, selon les données de la banque centrale, Ndjamena a contribué à hauteur de 13,9 points à l’inflation dans la Cemac en 2024, soit pratiquement quatre fois moins que le Cameroun. Contre 12,6 points pour le Congo, soit près de cinq fois moins que le Cameroun. Viennent ensuite la Guinée équatoriale (7,2 points), la République centrafricaine (3,1 points) et le Gabon (1,8 point).
Brice R. Mbodiam