
La société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam), leader du ramassage des ordures dans les villes camerounaises, a présenté au maire de la ville de Yaoundé, le 4 avril 2025, 10 nouveaux camions acquis dans le cadre du programme de renouvellement de son parc logistique. Ce programme d’investissement de 5 milliards de FCFA, réalisé avec le concours du banquier Afriland First Bank, prévoit l’acquisition de 80 camions au total, souligne l’entreprise.
En effet, apprend-on, en plus des 10 camions sus-mentionnés, qui interviendront dans la ville de Yaoundé, 10 autres camions seront réceptionnés « dans les prochains jours », pour opérer dans la ville de Douala, la capitale économique du pays. « Les deux premières vagues de 20 camions seront complétées dans les mois à venir par 60 camions de type ville de Paris. Il s’agit d’un nouveau modèle de camions équipés d’un dispositif de couverture des déchets, pour éviter leur envol durant la phase de transport entre les zones de collecte et les centres de traitement », souffle une source autorisée à Hysacam.
Ces nouvelles acquisitions et autres rénovations permettront à l’entreprise de doper ses capacités d’intervention, notamment dans la capitale camerounaise, qui fait face à une crise des ordures depuis quelques mois. En effet, au mois de mars 2025, soit plus d’un an après l’expiration de son ancien contrat en décembre 2023, la société Hysacam a obtenu de la CUY la signature de son nouveau contrat et la délivrance d’un ordre de service de démarrage des activités dans la capitale.
« Le renforcement du parc avec cette première vague de 10 camions destinés à la ville de Yaoundé va contribuer à la bonne exécution de l’opération coup de poing lancée par le Premier ministre. Etalée sur environ trois semaines, cette opération va conduire à l’élimination totale des tas d’immondices identifiés dans la ville de Yaoundé. De façon parallèle, un programme de rénovation de camions spécialisés sera mis en œuvre, en vue de rétablir la collecte régulière dans les quartiers. Dans un délai de deux mois, la collecte en porte-à-porte pourra être systématisée auprès des ménages de Yaoundé », soutient-on à Hysacam.
Difficulté structurelle
Cependant, en dépit des assurances de cet opérateur sur la crise des ordures que vit actuellement la ville de Yaoundé, des interrogations demeurent sur l’effectivité du nettoyage de la capitale camerounaise tout au long de l’année courante. D’abord, le nouveau contrat signé à Hysacam consacre le découpage de la ville en quatre lots distincts. Il s’agit du lot 1, qui couvre les arrondissements de Yaoundé 1 et 5, du lot 2 : Yaoundé 2 et 7, du lot 3 : Yaoundé 3 et 6, puis du lot 4 : Yaoundé 4. Seuls trois lots ont été attribués à cette entreprise, le lot 3 couvrant les arrondissements de Yaoundé 3 et 6 ayant été déclaré infructueux, suite à l’appel d’offres lancé par la CUY.
Cette réalité induit une démobilisation d’Hysacam de l’arrondissement de Yaoundé 6 notamment, le ramassage des ordures dans l’arrondissement de Yaoundé 3 ayant été confié depuis l’année 2023 à la société Thychlof Sarl. Selon des sources proches du dossier, le contrat de cette entreprise nouvelle et par conséquent moins outillée que Hysacam devrait être renouvelé cette année. Dans ce cas, il restera à résoudre l’équation du nettoyage de l’arrondissement de Yaoundé 6. Au regard de l’urgence et de la montée de l’insalubrité dans la capitale, la résolution de cette équation pourrait également passer par la signature d’un contrat de gré à gré avec l’une des deux entreprises désormais en concurrence dans la ville.
Ensuite, au-delà de la contractualisation des entreprises chargées du ramassage des ordures, la question du paiement des factures des prestataires demeurent lancinante. En effet, il est devenu récurrent depuis des années, que la société Hysacam cesse ses activités du fait de la grogne des employés réclamant des arriérés de salaires. Ces arriérés sont eux-mêmes consécutifs, apprend-on tout le temps, au non paiement des prestations de l’entreprise par le Trésor public, chargé de régler 85% de la facture. Enfin, apprend-on, cette accumulation des impayés par l’Etat découle elle-même de l’insuffisance des financements destinés au ramassage des ordures dans le pays. En dépit de la mise en place dans la loi de finances de 2019 d’un droit d’accise spécial sur le ramassage des ordures, qui tarde à produire les effets escomptés et laisse donc pendante une difficulté structurelle.
Brice R. Mbodiam
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