Ils sont tombés dans les mailles des fins limiers de la gendarmerie il y a quelques jours et présentés à la presse hier, 15 octobre 2024, à la première région.
Le trafic des ossements humains au Cameroun prend de l’ampleur ces dernières années. Les tombeaux qui faisaient l’objet d’un entretien soigneux en signe de respect aux morts sont de plus en plus pris d’assaut pour des raisons mercantiles. Leurs contenus sont vidés par des jeunes et des moins jeunes pour le marché noir. En effet, les fins limiers de la Gendarmerie nationale viennent de mettre la main sur un réseau à Mvan, dans la ville de Yaoundé. Ce gang dont l’âge varie entre 25 et 30 ans, s’apprêtait à livrer le butin.
Malheureusement pour eux, grâce aux renseignements, la funeste mission n’est pas allée jusqu’au bout. Ils ont été présentés hier, 15 octobre 2024, à la presse au parvis de la première région. Le lieutenant Mboutou Abessolo Claude, du service des recherches judiciaires de la première région, a donné quelques précisions sur cette opération qui a conduit les enquêtes jusqu’à l’Extrême-Nord, plus précisément dans le département du Mayo-Danay : « Depuis un temps, la gendarmerie nationale a été saisie d’un vaste réseau de trafic des ossements humains. Immédiatement, les recherches engagées à notre niveau ont permis de mettre la main sur deux individus au niveau de la gare routière de Mvan en possession des ossements complets d’un être humain ». Et d’ajouter : « Par la suite, les recherches complémentaires nous ont permis de nous rendre au lieu du forfait dans un village nommé Pouss, dans le département du Mayo-Danay, région de l’Extrême-Nord. Sur les lieux, nous avons malheureusement constaté que c’était un trafic qui existe depuis. Dans un cimetière, nous avons trouvé près de 30 tombeaux avec le contenu vidé ».
Cette ‘’activité criminelle’’ prend des proportions inquiétantes dans notre pays. Car ces ossements entrent dans la fabrication d’une drogue forte communément appelé « caillou », a précisé le Lieutenant. « Le gramme de cette drogue coûte 75 000 Fcfa. Elle est consommée par les jeunes dans les milieux scolaires et les sous-quartiers. C’est ce qui est à l’origine de la montée en puissance de l’insécurité. En ce qui concerne le cas précis, ils venaient vendre à 6 millions de Fcfa. Un squelette complet coûte 6 millions de Fcfa. C’est probablement pour cette raison que le prix de cette drogue est élevé par rapport au cannabis par exemple dont le filon coûte 100 Fcfa. Notre jeunesse se livre à la consommation des os ».
Selon l’article 274 alinéa 1 du code pénal : « Est puni d’un emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de 10.000 à 100.000 francs celui qui : a) Viole des tombeaux ou sépultures ; ou b) Profane tout ou partie d’un cadavre humain enseveli ou non ». En attendant que le destinataire de cette marchandise d’un autre genre soit arrêté, ces trois présumés trafiquants d’ossements humains seront présentés devant le procureur de la république.