
Le Cameroun se positionne parmi les pays à performances intermédiaires en matière d’investissement dans l’intelligence artificielle (IA) en Afrique subsaharienne, selon l’AI Investment Potential Index (AIIPI) 2025 de l’Agence française de développement (AFD), publié en février dernier. Bien que le pays bénéficie d’une position favorable, le rapport souligne que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA dans le pays. « Le Cameroun présente un potentiel prometteur, mais nécessite des investissements ciblés dans les infrastructures et le capital humain pour exploiter pleinement [son] potentiel », peut-on lire dans le document.
L’AIIPI 2025 évalue le potentiel d’investissement dans l’IA dans 193 pays, et repose sur une série d’indicateurs regroupés en six catégories : l’environnement économique, la qualité de la gouvernance, l’état des infrastructures numériques, le développement du capital humain, la gouvernance des données et les capacités statistiques. Ces critères sont mesurés sur une échelle de 0 à 100 points, permettant de classer les pays en quatre stades distincts de potentiel d’investissement, allant du faible potentiel (stade 1) au potentiel très élevé (stade 4). Le Cameroun se classe au stade 2 (potentiel moyen), aux côtés de pays comme le Togo et l’Angola.
A contrario, des pays comme l’Afrique du Sud, Maurice, le Ghana, le Kenya et le Sénégal figurent parmi les pays à potentiel élevé (stade 3), avec des scores supérieurs à la moyenne mondiale de 52,32 points. Ces nations bénéficient de « cadres de gouvernance relativement solides et leurs écosystèmes d’innovation émergents [qui] constituent une base pour la croissance future », selon l’AIIPI 2025. Maurice, pionnier de l’IA en Afrique, a lancé sa stratégie nationale en IA dès 2018, devenant ainsi un modèle pour la région. De son côté, l’Afrique du Sud a franchi une étape importante en publiant son premier projet de stratégie en IA en 2024. En revanche, le Cameroun n’a pas encore adopté de stratégie nationale en la matière. Cependant, cela pourrait bien changer.
Le 25 janvier 2025, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a annoncé que le Cameroun élabore actuellement une stratégie nationale en IA. L’objectif est de positionner le Cameroun comme un acteur clé dans l’écosystème mondial de l’IA. Toutefois, la ministre a également reconnu qu’il est « crucial de mettre en place des mécanismes solides pour assurer une intelligence artificielle responsable, renforcer les infrastructures numériques, développer les compétences locales et promouvoir l’innovation ».
Il convient de noter que le Cameroun cherche à exploiter le potentiel de l’IA dans des secteurs tels que l’agriculture, la santé, l’éducation et la gestion des ressources naturelles. Pour ce faire, le gouvernement prévoit, par exemple, de renforcer l’accès à l’Internet haut débit, indispensable pour faire fonctionner les applications d’IA, à travers notamment un meilleur déploiement de la fibre optique. En parallèle, le pays prévoit la création d’incubateurs pour soutenir l’émergence de start-ups dans le domaine de l’IA. En outre, il est envisagé d’introduire l’IA dans les programmes de formation du cycle supérieur, afin de développer une main-d’œuvre qualifiée et de préparer les jeunes générations à participer activement à la révolution numérique.
Patricia Ngo Ngouem