
Son rêve et son ambition semblent démesurés pour les épaules d’un trentenaire. « Le Cameroun dont je rêve, c’est un Cameroun qui rivalise avec la Corée du Sud avec laquelle on était sur la même ligne de départ en 1960 », déclare Jacques Jonathan Nyemb. Ce projet “visionnaire” parait d’autant plus hors de portée que le Cameroun accuse un retard qui fait l’unanimité chez les experts. Pourtant, Jacques Jonathan Nyemb ne se contente pas de rêver d’un Cameroun prospère : il a un plan pour concrétiser cette vision.
Diplômé de prestigieuses institutions universitaires, notamment Harvard et la London School of Economics, Jacques Jonathan Nyemb est avocat d’affaires admis aux barreaux du Cameroun et de Paris (France). Le parcours académique de ce major de promotion à l’Université Panthéon-Assas lui a permis de s’imposer très tôt dans le monde select et rigoureux de la finance internationale.
Depuis 2016, Jacques Jonathan Nyemb évolue au sein du cabinet Nyemb, l’un des plus prestigieux d’Afrique. Il y pilote des dossiers d’envergure, notamment dans des domaines stratégiques tels que les projets d’investissement et les financements structurés. À travers ce cabinet familial, il conseille des acteurs locaux, des multinationales et des gouvernements, jouant ainsi un rôle clé dans la transformation de l’économie sous-régionale.
Son arrivée dans l’entreprise a été marquée par plusieurs succès notables. En 2023, le cabinet Nyemb a été sollicité pour orchestrer les négociations ayant conduit à l’une des plus grandes fusions d’entreprises au Cameroun : le rachat de Guinness Cameroon S.A. par la Société anonyme des brasseries du Cameroun, le principal brasseur du pays. Cette opération, d’un montant de 300 milliards FCFA, a marqué un tournant dans le paysage économique national.
Deux ans plus tôt, en 2021, le cabinet Nyemb a été sélectionné pour intégrer le pool des conseils juridiques chargés de structurer un Eurobond de 400 milliards de FCFA destiné à l’État du Cameroun. Cette opération, d’envergure nationale, a renforcé la notoriété du cabinet dans le domaine des financements souverains. L’année suivante, en 2022, le cabinet s’est engagé à accompagner les autorités locales dans la mise en place des « prêts d’honneur », un dispositif novateur visant à stimuler l’entrepreneuriat local au Cameroun. Parallèlement, en collaboration avec la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac), il a facilité des discussions sur une meilleure mobilisation des outils de la finance verte en Afrique centrale, un secteur en pleine expansion.
Mais c’est au sein de prestigieux cabinet d’avocats d’affaires américain Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP que le jeune Johnatan Nyemb a fait ses armes. Il est très vite impliqué dans des opérations majeures telles que la délicate restructuration de la dette grecque en 2012, ou encore le rachat par l’opérateur télécoms émirati de 53% du capital de Maroc Telecom en 2014. Pourtant, c’est notamment en tant que porte-plume du Groupe d’experts chargé par la Banque mondiale de la révision de l’Acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique qu’il se distingue en Afrique.
Entrepreneuriat
Si Jacques Jonathan Nyemb pense pouvoir accélérer la transformation économique de son pays, il ne s’y attèle pas seulement à coup de conseils. Ainsi, au fil des années, il s’est construit un accès privilégié aux grandes places financières internationales telles que la City à Londres, New-York, Paris ou Shanghai. Sa proximité avec des banques d’affaires internationales comme Lazard et plusieurs fonds d’investissement opérant sur le continent africain font aussi partie de ses atouts.
Au Cameroun, bien que très discret sur ses fréquentations, il ne cache pas ses relations avec des figures de premier rang des milieux d’affaires, telles qu’André Siaka (PDG de Routd’Af), Richard Lowe (PDG d’Activa), Alain Malong (président du Conseil d’administration de Société générale), Ferdinand Ngon (Directeur général d’Oragroup), Oumarou Sanda (président du Conseil d’Administration de Touristique Express) ou encore Élias Pungong (président du Conseil d’administration de British American Tobacco Cameroon).
Ce réseau, qui dépasse les frontières camerounaises, est sans doute un des leviers qui lui vaut d’être membre du Conseil d’administration de plusieurs entreprises dans les secteurs des technologies et media. Des indiscrétions relèvent également qu’il a investi ces dernières années dans des sociétés d’impact, notamment dans les secteurs de la logistique, l’énergie ou encore des nouvelles technologies.
Par ailleurs, à travers le Think Do Tank The Okwelians qu’il préside, il a mis sur pied Okwelians Venture Fund, un dispositif d’accompagnement innovant pour soutenir les futurs champions nationaux camerounais. En une année, des financements à hauteur de près de 50 millions FCFA ont été apportés à une startup du secteur de l’internet des objets et à une startup œuvrant dans la filière piscicole au Cameroun.
Leadership
L’on note également qu’en 2022, Jacques Jonathan Nyemb a été classé parmi les 100 Africains les plus influents de l’année, une reconnaissance qui reflète son leadership et sa vision. Grâce à toutes ces casquettes, Jacques Jonathan Nyemb se permet de quitter le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), l’ancien puissant patronat camerounais, dont il était administrateur puis porte-parole.
Dans cette organisation, l’avocat aura impulsé des réformes, parmi lesquelles : l’opérationnalisation du Centre de développement de la PME (CDPME), l’élaboration du premier Code de bonne gouvernance des entreprises d’Afrique centrale, la création du Cercle des jeunes dirigeants du GICAM; ou encore la réforme du dialogue public-privé actuellement en étude dans les services du Premier ministre.
Aujourd’hui, à la tête du Think Do Tank The Okwelians, créé en 2020 et qui entend se positionner comme l’un des think tanks de premier plan en Afrique centrale sur les questions économiques, Jacques Jonathan Nyemb appelle à la refondation du patronat camerounais pour construire une organisation plus inclusive, innovante et collaborative. C’est à travers ce même think tank, membre du Conseil pour le suivi des recommandations du nouveau sommet Afrique-France, qu’il œuvre depuis plusieurs mois, avec le soutien de l’Agence française de développement au Cameroun, à la création de l’Institut Afrique-Europe pour l’innovation Verte (IAEIV). Une initiative pionnière pour promouvoir l’entrepreneuriat vert en Afrique centrale.
Tout ceci participe de l’ambition de cet enseignant en gouvernance d’entreprises à l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC) de voir l’innovation sociale au cœur de l’action publique au Cameroun. Une ambition récemment cristallisée à travers les « 20 propositions pour transformer le Cameroun », que vient de commettre The Okwelians, le Think Do Tank qu’il a co-fondé.
Alors que le Cameroun s’engage dans une année de défis, selon de nombreux analystes, cet avocat d’affaires longtemps perçu comme un discret conseiller des investisseurs, pense à jouer un rôle plus important. Aussi, envisage-t-il de troquer sa robe pour s’affirmer comme une force de proposition pour les décideurs publics, en apportant des solutions prêtes à l’emploi pour relancer la transformation durable du Cameroun.
Ludovic Amara
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