Malgré une démotivation prévisible, le ministre délégué auprès du ministre d’Etat chargé de la Justice veut remettre les magistrats du parquet au travail.
Le travail des magistrats camerounais est blâmable. Si dans le principe le juge ne répond qu’à la loi et sa conscience, le magistrat du parquet doit aider à la bonne appli cation de la loi et ainsi, assurer l’équilibre de la société. Dans une correspondance du 16 avril 2025 ayant pour objet « manquements observés », Jean de Dieu Momo qui semble véritablement avoir pris les commandes au ministère de la Justice ces derniers jours, or donne aux procureurs près tant le Tribunal criminel spécial que les cours d’appel de mettre fin à ce qu’il considère comme des entorses à l’orthodoxie judiciaire.
A titre récapitulatif, le ministre délégué relève des décisions sur la culpabilité motivée uniquement par la non comparution des personnes poursuivies, des réquisitions sur la culpabilité et sur la peine muette sur les moyens de preuve et sur le quantum de la peine, des peines d’une légèreté blâmable concernant des faits d’une certaine gravité et des peines d’une sévérité excessive. Jean de Dieu soupçonne que ces fautes soient la conséquence d’une « démotivation de certains personnels ». En effet, dans un contexte marqué par la non-convocation du Conseil supérieur de la magistrature, ins tance de gestion des carrières, bien de procureurs et de substituts sont démotivés et cela se ressent sur leur manière de travailler. Pour les réveiller, le ministre délégué auprès du Minjustice prescrit : « dans les réquisitions sur la culpabilité et sur la peine, de se prononcer explicitement et au besoin par écrit sur les moyens de preuve et le quantum de la peine ; de s’abstenir désormais de se limiter à requérir ‘’l’application de la loi ’ ; de faire systématiquement appel ou pourvoi de tout juge ment ou arrêt prononçant des peines d’une légèreté blâmable ou d’une sévérité excessive ou alors concluant à la culpabilité uniquement en raison de la non comparution des personnes poursuivies ». La menace n’est pas voilée. Même mécontents, les magistrats du parquet doivent dorénavant respecter ces usages, s’ils ne veulent pas compromettre leurs carrières.
Chacun des pro cureurs généraux interpelés est appelé à « en notifier copie à (ses) collaborateurs magistrats du parquet ». La mesure doit être mise en relation avec les dernières levées de boucliers autour de certaines décisions rendues par les tribunaux d’ins tance et même des cours d’appel et dont la plus retentissante fut un féminicide à Douala. Invitées dans la danse, de nombreuses Ong et associations de la société civile relaient ces mauvaises pratiques, qui ne ternissent davantage l’image du Cameroun dans le concert des nations.
S.M