
Initialement programmé du 27 novembre au 29 décembre 2024, l’emprunt obligataire multi-tranches 2024-2030 de l’État gabonais, dont les souscriptions ont finalement été prorogées jusqu’au 15 février 2025, a été couronné de succès. Selon le communiqué officiel que vient de publier la société de bourse Building Emerging Markets Securities (BEMS), l’arrangeur principal de cette opération de levée de fonds à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), basée à Douala au Cameroun, l’État gabonais a finalement mobilisé 80,065 milliards de FCFA auprès des investisseurs. Ce qui correspond à 65 millions de FCFA de plus que l’enveloppe sollicitée.
Ce succès, les autorités gabonaises le doivent principalement aux investisseurs installés sur le territoire camerounais. En effet, selon le détail des souscriptions révélé par BEMS, les investisseurs du Cameroun ont, à eux seuls, pourvu 78% de l’enveloppe recherchée, correspondant à environ 62,5 milliards de FCFA. Ces derniers ont ainsi investi quatre fois plus que les Gabonais eux-mêmes, dont les souscriptions totalisent seulement 19,62% de l’enveloppe, soit 15,7 milliards de FCFA. Viennent enfin les investisseurs congolais et tchadiens, dont les volumes souscris atteignent respectivement 1,97% et 0,31% de l’enveloppe effectivement mobilisée.
Les résultats publiés par l’arrangeur révèlent également que les investisseurs ont principalement souscris pour les titres de courtes maturités. C’est ainsi que les valeurs de 3 ans de maturité, assorties d’un taux d’intérêt de 6,6% net, ont permis à l’État gabonais de récolter 66,2 milliards de FCFA auprès des investisseurs de la Bvmac. Rémunérées à 6,75%, les obligations de 4 ans de maturité n’ont été souscrites qu’à hauteur de 356 millions de FCFA. Contre 13,4 milliards de FCFA pour les titres de 6 ans de maturité, frappés d’un taux d’intérêt plus rémunérateur de 7%.
Durcissement des conditions du marché
« Les fonds levés seront alloués au financement de projets d’infrastructures, à la relance des investissements et à la consolidation des acquis sociaux, conformément aux engagements pris dans le cadre de Plan national de développement pour la transition (PNDT) », informe la société de bourse BEMS dans son communiqué officiel.
Lancé pour la première fois sur le marché financier unifié de l’Afrique centrale par l’État du Cameroun en 2023, l’emprunt obligataire multi-tranches offre plus de chance de succès aux demandeurs de capitaux. Surtout dans un contexte de durcissement des conditions du marché, comme c’est le cas depuis plusieurs mois dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA).
En effet, en plus de permettre à l’émetteur d’avoir un certain contrôle sur les taux d’intérêt proposés, les emprunts à tranches multiples ont la particularité d’élargir la base des investisseurs potentiels, à travers la possibilité qui leur est donnée de souscrire pour des maturités longues à des taux d’intérêt plus élevés, ou pour des maturités plus courtes à des taux d’intérêt plus bas.
Brice R. Mbodiam
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