
Selon les données que vient de révéler la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le gestionnaire de la dette publique au Cameroun, le Trésor public s’est endetté à hauteur de 1079,2 milliards de FCFA à l’international, entre janvier et septembre 2024. Au total, apprend-on, 10 nouveaux engagements financiers ont été signés avec différents bailleurs de fonds, pour la réalisation de certains projets de développement dans le pays, et accélérer le remboursement de la dette intérieure.
Dans le détail, parmi les emprunts en devises effectués par le Cameroun au cours des neuf premiers mois de l’année 2024, l’on retrouve une enveloppe de 323,8 milliards de FCFA obtenue en juillet 2024 du banquier américain Citi Group. Officiellement, ces fonds ont servi à accélérer le paiement de la dette intérieure. Il s’agit notamment des factures en instance de paiement aux guichets de Trésor public depuis plus de trois mois (Restes-à-Payer de plus de trois mois), conformément aux engagements pris par le Cameroun dans le cadre de son programme économique et financier avec le FMI.
En plus de cet emprunt obtenu par émission d’obligations internationales, le Cameroun a contracté, au cours des trois premiers trimestres de l’année 2024, des prêts projets pour un montant de 775,4 milliards de FCFA. Cette enveloppe représente près de 72 % de l’enveloppe globale des emprunts en devises. La note de conjoncture de la CAA souligne que ces différents emprunts correspondent à « un taux de réalisation de 79,5 % par rapport à l’objectif annuel (Loi de finances rectificative 2024) », dans la mesure où « le plafond des engagements sur prêts projets est fixé à 950 milliards de FCFA ».
Taux d’intérêts élevés
Par ailleurs, le gestionnaire de la dette publique au Cameroun souligne que « parmi ces engagements, 60,1 % sont non concessionnels (446,5 milliards de FCFA) et 39,9 % sont concessionnels (308,8 milliards de FCFA) ». En d’autres termes, au cours de la période sous revue, le Cameroun s’est plus endetté auprès des bailleurs de fonds pratiquant des taux d’intérêts du marché (non concessionnels). Ceci au détriment des partenaires financiers dont les taux d’intérêts servis aux emprunteurs sont généralement réduits (concessionnels), et par conséquent inférieurs aux taux du marché.
En effet, l’analyse du document de la CAA permet de constater que la plupart des prêts projets obtenus par le Cameroun entre janvier et septembre 2024 ont été mis à disposition par des banques commerciales. C’est le cas de la Standard Chartered Bank, Exim Bank USA ou encore Citi Group. Ces prêteurs ne sont généralement pas portés sur la pratique des taux d’intérêts concessionnels. Ce qui n’est pas le cas des bailleurs de fonds multilatéraux (Banque mondiale, FMI, BAD, etc).
La prépondérance des prêts non concessionnels dans la dette publique camerounaise a pour conséquence d’alourdir les intérêts à payer, au moment du remboursement. Selon le gestionnaire de la dette publique au Cameroun, au cours des neuf premiers mois de l’année 2024, par exemple, le Trésor public a payé à différents bailleurs de fonds internationaux 250 milliards de FCFA d’intérêts sur la dette publique. De quoi couvrir tous les frais engagés dans la construction du 2ᵉ pont sur le fleuve Wouri à Douala (140 milliards de FCFA), et les 100 milliards de FCFA recherchés pour la réhabilitation du barrage de Lagdo (72 MW). Cet ouvrage en décrépitude demeure pourtant stratégique pour la fourniture de l’énergie électrique dans les régions septentrionales du Cameroun.
Brice R. Mbodiam
Lire aussi:
01-11-2024 - La Chine détient 64,8% de la dette bilatérale du Cameroun, soit 22,4% de la dette extérieure du pays (CAA) |
17-07-2020 - Réhabilitation du barrage de Lagdo : quatre entreprises à la quête d’un contrat de 100 milliards de FCFA |
- Politiques économiques