Dans le cadre du 4e Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) qui se tient à Beijing, le président camerounais Paul Biya a lancé un appel pour une intensification des investissements chinois dans les infrastructures routières du Cameroun. Ce plaidoyer vise à dynamiser le développement des routes et autres projets structurants du pays. « Nous envisageons le lancement imminent de nos projets structurants de deuxième génération, à l’instar de la phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala, de l’autoroute Edéa-Kribi, de la route Douala-Bafoussam, de la voie de contournement de la ville de Yaoundé, de la route Ebolowa-Akom 2-Kribi, de la route Ngaoundéré-Garoua et enfin, de celle reliant Maroua à Kousseri », a annoncé le chef de l’État, dans sa déclaration liminaire lors de l’entretien bilatéral avec son homologue chinois Xi Jinping, mercredi 4 septembre 2024. Il a affirmé que ces projets constituent des « niches d’opportunités » pour le gouvernement et les grandes entreprises chinoises.
Dans son message traditionnel de fin d’année 2023, Paul Biya avait déjà évoqué le démarrage imminent ou la reprise de certains projets routiers en 2024. Il a spécifiquement mentionné que les négociations concernant la route Ebolowa-Kribi, qui avaient buté sur des questions environnementales, progressaient favorablement. Il a également indiqué avoir donné des instructions pour la réhabilitation de la route Ngaoundéré-Garoua et a souligné l’importance de poursuivre les négociations en vue de l’achèvement des travaux de construction de la route Mora-Dabanga-Kousséri et de la réhabilitation des routes Edéa-Kribi et Douala-Bafoussam.
Phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala
La China First Highway Engineering Corporation (CFHEC) a été choisie pour la phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala (136 km), un projet estimé à 812,8 milliards de FCFA. En ce qui concerne la route Edéa-Kribi (107 km), les travaux de réhabilitation devaient commencer en 2023 pour se terminer en 2027, avec un coût prévisionnel de 102 milliards de FCFA. Ce projet est financé en partie par la Banque africaine de développement (BAD). La voie de contournement de Yaoundé, d’un coût prévu de 1 264 milliards de FCFA, ainsi que la construction de la route Ebolowa-Akom 2-Kribi (179,2 km), représentent des engagements significatifs du gouvernement camerounais. La réhabilitation de l’axe Ngaoundéré-Garoua (242 km) est particulièrement cruciale pour l’économie nationale, constituant une partie essentielle du corridor Douala-N’Djamena par lequel transitent environ 350 milliards de FCFA de marchandises tchadiennes chaque année. La route Mora-Maroua-Kousséri (205 km), reliant le Cameroun au Nigeria et au Tchad, est également un axe stratégique.
Paul Biya a souligné que le Cameroun a besoin de « financements importants » pour poursuivre sa vision d’émergence à l’horizon 2035. « Notre objectif est de bâtir une économie plus solide, basée sur des industries locales compétitives, capables de transformer nos ressources minières et agricoles en vue de satisfaire les besoins endogènes et d’exporter des produits en grande quantité », a précisé le chef de l’État. Il a appelé la Chine et ses entreprises à renforcer leur soutien afin de concrétiser cette vision. Il a également exprimé le souhait que les négociations avec Eximbank Chine aboutissent à des conventions de financement claires et sans ambiguïté pour éviter « des incompréhensions qui sont parfois de nature à ralentir l’exécution des projets ». Le président a par ailleurs exprimé sa satisfaction quant à l’importance des investissements directs chinois dans le développement du Cameroun.
Premier fournisseur
Selon l’Institut national de la statistique (INS), les échanges commerciaux entre la Chine et le Cameroun ont atteint près de 1 178,1 milliards de FCFA en 2023, enregistrant une hausse de 24,1 % par rapport à l’année précédente. La Chine est le premier fournisseur du Cameroun, avec une part de marché de 18,9 %, devançant l’Inde et la France. L’Empire du Milieu est aussi le premier investisseur dans le pays. En 2023, le Cameroun a attiré des investissements directs étrangers (IDE) estimés à 799 millions de dollars, principalement en raison de l’engagement chinois. Cependant, la Chine est aussi le premier créancier du Cameroun, devant la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Au cours des trois premiers mois de 2024, le Cameroun a remboursé à Eximbank Chine des dettes totalisant 148,2 milliards de FCFA, comprenant 34,7 milliards de FCFA d’intérêts et 113,5 milliards de FCFA de principal, selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le gestionnaire de la dette publique au Cameroun. Ces remboursements représentent les plus gros volumes de dette et d’intérêts réglés par le Cameroun cette année, toutes catégories de créanciers confondues, d’après la CAA.
Patricia Ngo Ngouem
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