Lors d’une récente interview accordée au quotidien public Cameroon Tribune, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey (photo), a partagé des nouvelles encourageantes pour le Cameroun suite à l’assemblée générale annuelle 2024 des actionnaires d’Africa50, tenue le 19 septembre 2024 à Antananarivo, à Madagascar. Le pays détient désormais des actifs sous gestion dépassant 8 milliards de dollars (soit environ 4 692,5 milliards de FCFA), avec un portefeuille riche de 25 projets et des dividendes attendus de près de 200 000 dollars (117,31 millions de FCFA), a-t-il déclaré. Cette « performance remarquable », selon le ministre, est soutenue par un taux de rendement interne de 10,9 %.
Alamine Ousmane Mey a mis en avant l’importance d’Africa50 dans l’accompagnement du Cameroun pour réaliser les objectifs de sa Stratégie nationale de développement 2030 (SND30). « Le Cameroun, après l’expérience remarquable de Nachtigal (420 MW, Ndlr), compte entre autres sur Africa50 pour l’accompagner dans l’atteinte des objectifs de la SND30. À cet égard, nous comptons poursuivre les discussions avec nos partenaires pour la réalisation du barrage de Kikot (500 MW) et Grand Eweng (1 000 MW), ainsi que bien d’autres projets dans ce secteur, afin d’atteindre 5 000 MW en 2030 », a déclaré le ministre de l’Économie.
La centrale hydroélectrique de Kikot-Mbébé, située sur le fleuve Sanaga, devrait devenir l’une des plus grandes du pays avec une capacité installée de 500 MW. Ce projet est géré par la Kikot-Mbébé Hydro Power Company (KHPC), une coentreprise entre l’État camerounais et Électricité de France (EDF). La construction prévoit un barrage de près de 1 200 m de long, une usine hydroélectrique avec six turbines Kaplan de 83,3 MW chacune et un calendrier de mise en service prévu pour 2030. Avec un coût estimé à plus d’un milliard d’euros (650 milliards de FCFA), le projet sera financé en partie par des bailleurs de fonds comme la Banque mondiale via la Société financière internationale (SFI).
En ce qui concerne le projet de Grand Eweng porté par l’entreprise américaine Hydromine, il s’agit de construire un barrage sur le fleuve Sanaga, avec une ligne de transport d’électricité. En 2017, Hydromine avait prévu une capacité de 1 800 MW pour ce barrage, avec un coût estimé à 3 milliards de dollars, mais le ministre de l’Économie a récemment revu cette estimation à 1 000 MW. Cependant, la société éprouve des difficultés à finaliser les financements nécessaires, un processus en cours depuis 2019. Ces initiatives font partie de l’ambition du Cameroun d’atteindre 5 000 MW de capacité installée d’énergie électrique d’ici 2030, conformément à la SND30.
« Le Cameroun s’est fixé l’ambition de devenir un hub énergétique en Afrique centrale pour accompagner la transition énergétique de la sous-région. Des opérations d’interconnexion des réseaux sont actuellement en cours. Nous allons également explorer les possibilités de recyclage d’actifs afin de créer des marges de manœuvre budgétaire conséquentes », a souligné le ministre. Il a exprimé sa confiance en Africa50 comme acteur central dans le financement des infrastructures en Afrique, soulignant que le soutien des partenaires internationaux, notamment les membres d’Africa50, est crucial pour concrétiser cette vision.
Pour rappel, Africa50 est une plateforme d’investissement fondée par des gouvernements africains et la Banque africaine de développement (BAD) afin de financer des infrastructures par le biais de mécanismes de financement innovants et de partenariats stratégiques. Lancé il y a sept ans, le Fonds Africa50 compte aujourd’hui 25 projets à son actif dans 28 pays. Ses principaux domaines d’intervention incluent les infrastructures telles que l’énergie, le transport, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), et plus récemment, la santé. Cette approche stratégique répond aux besoins d’investissement croissants sur le continent africain, où un gap de financement estimé entre 120 et 160 milliards de dollars par an persiste.
P.N.N