Le ministère des Finances du Cameroun a récemment publié des projections optimistes sur l’évolution de l’inflation, qui devraient diminuer progressivement pour se rapprocher du seuil communautaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Selon le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027, élaboré par ce ministère, « l’inflation devrait décélérer, passant de 7,0 % en 2024 à 4,0 % en 2025, pour revenir à un niveau proche du seuil communautaire de 3 % de la Cemac sur la période 2026-2027 ».
L’inflation a atteint 7,4 % en 2023, en hausse par rapport aux 6,3 % enregistrée en 2022. Cette augmentation est principalement imputable à la flambée des prix alimentaires (+10,9 %) et à la hausse des coûts de transports (+15 %). Ces tendances résultent de l’augmentation des prix du carburant et des obstacles aux échanges commerciaux. Pour 2024, le ministère des Finances prévoit que « l’inflation restera élevée, en raison de l’augmentation des prix du carburant à la pompe en 2024 ». Ce relèvement, décidé par le gouvernement à partir du 3 février 2024, constitue un facteur majeur de pression inflationniste, entraînant également une hausse des coûts de transport, qui impacte les prix des produits sur les marchés.
Les données récentes publiées par l’Institut national de la statistique (INS) en septembre 2024 montrent une hausse de 0,4 % des prix à la consommation des ménages en août 2024 par rapport au mois précédent. Cette augmentation est essentiellement due à une hausse de 1,1 % des prix alimentaires. En comparaison avec août 2023, l’inflation annuelle a augmenté de 3,8 %, principalement en raison d’une hausse de 4,2 % des prix alimentaires et de 10,7 % des coûts de transport. Malgré cela, une tendance à la baisse de l’inflation est enregistrée depuis le quatrième trimestre 2023, avec un taux moyen de 5,1 % sur les douze derniers mois, selon l’organisme en charge des statistiques appliquées au Cameroun. Les taux d’inflation varient selon les régions, oscillant entre 4,2 % et 7,1 %, largement au-dessus du seuil de tolérance de 3 % admis dans la zone Cemac, qui comprend le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Tchad et la République centrafricaine (RCA).
Ces prévisions s’inscrivent dans un contexte où la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), l’institut d’émission commun aux six pays de la Cemac, adopte une politique monétaire prudente face aux pressions inflationnistes. En septembre 2024, son comité de politique monétaire a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés pour la sixième fois consécutive. Selon les projections de la BEAC, l’inflation au sein de la Cemac devrait descendre à 4,2 % cette année, avant de revenir à la limite de 3 % en 2025, avec des disparités entre les pays de la région. Le Cameroun, qui représente 52 % de la consommation dans la zone Cemac selon la banque centrale, anticipe un retour à des niveaux d’inflation conformes à la norme communautaire plutôt à partir de 2026.
Patricia Ngo Ngouem