Le MINESEC s’inscrit dans une longue tradition de réformes éducatives au Cameroun. L’histoire de l’éducation nationale camerounaise remonte à 1967, avec le lancement d’une réforme ayant pour but de doter le pays d’enseignants locaux bien formés. Cette réforme, qui allouait 20 % du budget national à l’éducation, a jeté les bases d’un système éducatif ambitieux.
En 1975, une nouvelle réforme a été introduite pour lutter contre les abandons scolaires, qui atteignaient un taux alarmant de 50 %. Cette même année, le calendrier scolaire a été unifié sur toute l’étendue du territoire national. Les dates de décembre à juin ont été fixées pour les cours. La période entre 1977 et 1980 a vu l’introduction d’une nouvelle éthique dans l’éducation, avec l’adoption du bilinguisme et de la « camerounisation » des manuels scolaires. Cette réforme a également mis en place des mesures disciplinaires strictes pour les candidats qui trichent aux examens.
Organisation et missions
Le MINESEC est composé d’une administration centrale, de services déconcentrés, ainsi que d’établissements scolaires publics et privés. Il est structuré autour de plusieurs organes clés, notamment l’inspection générale des services, l’inspection générale des enseignements, et un secrétariat particulier. Cette organisation complexe lui permet de gérer efficacement l’ensemble des aspects relatifs à l’enseignement secondaire et normal.
Les missions du ministère sont vastes et diverses. Il est chargé de :
L’organisation et le fonctionnement de l’enseignement secondaire général et technique ainsi que de l’enseignement normal ;
La conception des programmes d’études et des méthodes pédagogiques, ainsi que leur mise en œuvre ;
La formation morale, civique et intellectuelle des élèves ;
La gestion administrative et pédagogique des établissements scolaires, qu’ils soient publics ou privés ;
L’orientation scolaire et la planification des infrastructures éducatives.
En outre, le ministère exerce une tutelle directe sur deux institutions importantes : l’Office du Baccalauréat du Cameroun (O.B.C.) et le General Certificate of Education Board (G.C.E. Board). Ces deux organismes sont chargés de la gestion des examens nationaux et internationaux, respectivement pour les systèmes francophone et anglophone du Cameroun.
Les ministres de l’Éducation secondaire
Depuis sa création en 2004, trois ministres ont successivement dirigé le MINESEC :
Louise Bapès Bapès (2004-2015) : Première femme à occuper ce poste, elle a marqué son mandat par des réformes visant à renforcer le cadre réglementaire de l’éducation secondaire.
Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe (2015-2019) : Sous sa direction, des efforts ont été déployés pour améliorer la qualité de l’enseignement technique et professionnel.
Pauline Nalova Lyonga (2019- à ce jour) : Actuelle ministre, elle a su apporter son expérience et son expertise pour moderniser le système éducatif secondaire.
Pauline Nalova Lyonga : La première femme à la tête du MINESEC
Née dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, Pauline Nalova Lyonga Egbe est une personnalité politique et universitaire de premier plan. Elle a effectué ses études secondaires au Queen of the Rosary Secondary School à Mamfe, avant de poursuivre sa formation au Cameroon College of Arts, Science and Technology de Bambili, où elle obtient son GCE A Level en 1970.
Après avoir décroché une licence en littérature anglaise à l’Université de Yaoundé en 1973, Nalova Lyonga s’envole pour l’Angleterre, où elle obtient un master en littérature africaine à l’Université de Sheffield. Poussée par son désir d’en apprendre davantage, elle poursuit ses études aux États-Unis où elle obtient un doctorat (PhD) en littérature anglaise à l’Université du Michigan en 1985.
Sa carrière universitaire est marquée par plusieurs postes de responsabilité. Elle a notamment été Directrice des Affaires académiques et Vice-Rectrice avant d’être nommée Rectrice de l’Université de Buéa en 2012, poste qu’elle a occupé jusqu’en 2017. Sa gestion à la tête de cette université a été saluée pour sa rigueur et son engagement en faveur de l’amélioration de l’éducation supérieure dans la région anglophone. Néanmoins, c’est sous son règne qu’une importante grève des étudiants survient en 2016, moins d’un an avant le début de la crise anglophone.
Après son départ de l’Université de Buéa, elle a brièvement occupé le poste de Présidente du Conseil d’Administration de l’Hôpital Général de Douala, avant d’être nommée Ministre des Enseignements Secondaires en mars 2018. En tant que ministre, Nalova Lyonga a pour mission de superviser l’Office du Baccalauréat du Cameroun et le GCE Board, tout en veillant à la bonne mise en œuvre des réformes visant à améliorer la qualité de l’enseignement secondaire. Elle est également l’auteure de plusieurs publications académiques sur la littérature africaine.
MINESEC : une innovation importante pour l’année 2024-2025
Le Ministère des Enseignements secondaires (MINESEC) du Cameroun amorce une révolution numérique avec l’introduction d’un nouveau système de paiement électronique des frais de scolarité pour l’année scolaire 2024-2025. Cette innovation concerne les élèves de la classe de 6ème à la Terminale, dans les établissements scolaires publics et privés sous la tutelle du MINESEC. Elle vise à moderniser le processus de règlement des frais scolaires en réponse aux multiples défis auxquels parents, élèves et administrations font face chaque année.
Le cœur de cette nouvelle initiative réside dans la création d’un matricule unique attribué à chaque élève dès son entrée en 6ème. Ce matricule accompagnera l’apprenant tout au long de son parcours dans le cycle secondaire, facilitant ainsi l’identification et le suivi administratif. La plateforme dédiée à cette innovation, appelée « cartescolaire.cm », permettra aux élèves de régler leurs frais de scolarité en ligne, via des services de transaction mobile d’argent, en collaboration avec les principaux opérateurs de téléphonie mobile du pays.
Une réponse aux défis du système traditionnel
Cette initiative a été développée pour répondre à plusieurs problèmes majeurs rencontrés dans le système éducatif camerounais. Parmi ces problèmes figurent la distraction des fonds dans certains établissements, les fraudes, les longues files d’attente et les arnaques fréquentes. Le nouveau système se propose de simplifier les démarches administratives et d’améliorer la traçabilité des fonds liés aux frais scolaires et aux examens.
L’un des principaux objectifs de cette innovation est de sécuriser les transactions financières liées à l’éducation, en réduisant les risques d’abus et en rendant le processus plus transparent. Les procédures simplifiées devraient également soulager les parents, souvent confrontés à des délais et à des contraintes organisationnelles qui compliquent le règlement des frais scolaires. Grâce à cette plateforme numérique, les transactions seront plus rapides, sécurisées et accessibles à tous, quelle que soit la localisation géographique.
Présentation du système et adoption en 2024
La présentation officielle de cette nouvelle plateforme a eu lieu lors de la réunion d’évaluation du système de paiement des frais de scolarité, organisée le jeudi 1er août 2024 à Douala. Cette rencontre, présidée par le ministre des Enseignements secondaires Pauline Nalova Lyonga, a rassemblé les autorités administratives, les représentants des établissements scolaires ainsi que les opérateurs de téléphonie mobile. Ensemble, ils ont exploré les fonctionnalités du système et discuté des mesures à prendre pour assurer une transition fluide vers le paiement électronique dès la rentrée scolaire.
Le matricule unique et la plateforme « cartescolaire.cm » offriront plusieurs avantages, non seulement pour les familles, mais aussi pour les administrations scolaires. D’une part, les élèves seront identifiés dès leur entrée dans le système secondaire, et leur parcours éducatif sera suivi de manière plus rigoureuse. D’autre part, les administrations pourront gérer les contributions scolaires de manière plus efficace, tout en garantissant une meilleure utilisation des fonds collectés.
Dans le cadre de la mise en place de ce nouveau système, le ministre des Enseignements secondaires a décidé de suspendre temporairement le paiement des frais scolaires exigibles dans les établissements jusqu’à la mise en service officielle de la plateforme « cartescolaire.cm ». Cette suspension vise à permettre aux écoles et aux familles de se préparer aux changements à venir, tout en évitant les transactions désorganisées ou non sécurisées pendant la période de transition.
Rehausser le taux de réussite au bac, l’autre défi du MINESEC en 2025
D’après des chiffres publiés par l’office du baccalauréat du Cameroun (OBC) chargé de l’organisation des examens, sur les 132 920 élèves des classes de terminale qui ont présenté le bac en 2O24, seuls 49 521 ont été déclarés admis, soit un taux de réussite de 37,2 %, le plus bas depuis vingt ans. Il faut en effet remonter à 2004 pour enregistrer une si mauvaise performance. Cette baisse drastique du pourcentage d’admis est d’autant plus notable qu’en 2023, le taux de réussite était de 75 %, le plus haut jamais enregistré. Au sein de la communauté éducative, l’on justifie la baisse du niveau des apprenants par plusieurs raisons : la prolifération de l’usage des réseaux sociaux et autres outils de distraction pour les élèves, l’indiscipline grandissante dans les écoles entre autres. L’un des défis majeurs de cette nouvelle année académique pour la ministre Nalova Lyonga, c’est de s’employer pour rehausser le taux de réussite du baccalauréat camerounais et par ricochet, redonner tout son prestige au système éducatif du pays.