Depuis plus de quatre décennies, le Cameroun vit sous le règne étouffant de Paul Biya, un pouvoir figé dans l’autoritarisme, l’immobilisme et la répression. Mais alors que la lassitude populaire se fait de plus en plus sentir et que les appels au changement se multiplient, le régime en place montre sa fébrilité en réprimant toute initiative démocratique. La récente série d’interdictions de meetings du Social Democratic Front (SDF) à Obala (23 mai), Mbankim (27 mai), Tiko (30 mai) et Mora (1er juin) en est une illustration éclatante. Sous prétexte fallacieux de “trouble à l’ordre public”, les autorités administratives inféodées au pouvoir de Yaounde ont empêché ces rencontres citoyennes planifiées depuis des semaines et toutes transparences (avec des autorisations préalables des mêmes autorités), témoignant non seulement d’un déni des libertés fondamentales mais aussi d’une peur palpable : celle d’un peuple qui commence à écouter, à réfléchir, à se mobiliser.
Depuis l’élection de Joshua Osih à la tête du SDF en octobre 2023, le parti s’est engagé dans une profonde refondation. L’objectif est clair : reconnecter avec les réalités du peuple camerounais, moderniser ses structures, rajeunir ses cadres et, surtout, redonner espoir. La tournée nationale entreprise en 2024 par le Chairman Osih n’avait rien de folklorique. Elle portait une ambition rare dans la politique camerounaise : écouter. Écouter les voix souvent ignorées des régions reculées – de Mora à Campo, de Meiganga à Muyuka, de Baba à Mbengwi ou encore d´Ekondo-titi à Dibombari, écouter aussi les sages, chefs traditionnels, garants d’une mémoire et d’une dignité locales souvent négligées. Une démarche profondément démocratique et populaire. La démonstration de force du SDF lors des célébrations du 20 mai a constitué un tournant. De Yaoundé à Buea, de Bertoua à Garoua, jusqu’aux zones enclavées comme Kousseri, Ngié, Mbengwui, Pouma, Matomb, Ekondo-Titi ou Obala, le peuple a répondu présent. Ce fut un message fort : le SDF n’est pas un souvenir du passé, il est une alternative vivante qui va unir les Camerounais pour les porter vers un avenir prometteur. Face à cette dynamique, le pouvoir a tremblé et donne des signes de panique internes. La stratégie répressive qui lui colle à la peau depuis 1982 comme une malformation congénitale a refait surface. La vieille méthode de répression utilisée tout au long de la jeune histoire de notre nation est remise à jour pour comme avec l´UPC en 1955 ou encore le SDF et les forces du changement en 1990 est réactivée pour étouffer dans l’œuf toute expression du peuple et ceux qui portent son espoir. L’interdiction des meetings organisés dans le cadre des 35 ans du parti – une campagne intitulée “Push-up” – n’est pas anodine. Le régime ne craint pas seulement des rassemblements, il craint leur contenu : un programme politique clair, un message d’espoir, une organisation structurée, une proximité avec le peuple. Car c’est là que réside la vraie menace pour Biya : une force politique qui ne parle pas depuis les salons feutrés de Yaoundé, mais qui marche vers les villages, vers la rue, vers la vérité.
Empêcher ces rencontres, c’est piétiner la Constitution, humilier la volonté populaire et confirmer une fois de plus que ce régime n’a d’autre projet que sa propre survie. Mais il faut le dire avec force : interdire des meetings n’empêchera pas le changement. Au contraire, cela l’accélère. Un régime qui a peur de son peuple est un régime à bout de souffle. Le Cameroun mérite mieux. Il mérite le droit de s’exprimer, de choisir, de rêver. Et aucun décret préfectoral ne pourra bâillonner éternellement cette volonté.
Alexis Kamewe, président SDF Europe