Dr Eunice Tatah, spécialisée en santé publique, recommande l’adoption des produits à risques réduits afin de baisser le taux de tabagisme.
4 532 personnes meurent chaque année au Cameroun des suites du tabagisme. Dr. Eunice Tatah qui évoque cette statistique est praticienne de santé spécialisée en Médecine de Santé publique. Pour la spécialiste, le Cameroun doit sortir des politiques obsolètes et repenser sa lutte. Dans une tribune, Dr. Eunice Tatah propose au pays d’adopter des stratégies innovantes qui répondent aux besoins des fumeurs. La camerounaise qui a mené plusieurs recherches sur le tabagisme demande de s’inspirer de l’histoire de deux pays, à savoir la Nouvelle Zélande et l’Afrique du Sud. Dans leur lutte antitabac, ces pays ont déployé des stratégies opposées pour des résultats tout aussi différents. L’étude scientifique sur laquelle se base Dr Eunice Tatah relève que la Nouvelle-Zélande a opté pour l’adoption proactive de stratégies de réduction des risques. Le pays a constaté une baisse spectaculaire de son taux de tabagisme, passant de 12,2 % à seulement 6,8 % en seulement cinq ans, apprend-on.
« Cette réussite témoigne de la volonté de ce pays d’innover et de reconnaître le potentiel des produits à risque réduit (PRR) par rapport aux cigarettes traditionnelles. En mettant en œuvre une réglementation judicieuse concernant ces nouvelles catégories de produits, la Nouvelle-Zélande a permis aux fumeurs d’abandonner le tabac combustible, ce qui a entraîné des progrès significatifs en matière de santé publique», analyse la spécialiste. Elle établit une comparaison avec la règlementation stricte promue en Afrique du Sud qui, d’après elle, a plutôt alimenté un trafic illicite massif de cigarettes. Le taux de tabagisme demeurant aussi élevé, soit 25,8%. Une situation qui compromet les efforts de santé publique. Dr Eunice Tatah dans son argumentaire recommande au Cameroun de suivre le pas de la Nouvelle Zélande, qui, selon elle, a reconnu que tous les produits du tabac ne se valent pas et que proposer aux fumeurs adultes des alternatives plus sûres, comme les vapes, peut-être une étape cruciale pour les détourner de la forme la plus mortelle de consommation de nicotine, les cigarettes combustibles.
Campagne de santé
A côté de cette proposition, Dr Eunice Tatah recommande d’investir dans les campagnes de santé publique. Elle évoque dans ce domaine, entre autres, la lutte proactive contre le commerce illicite et la sensibilisation du public, y compris les fumeurs et les professionnels de santé, aux risques relatifs des différents produits du tabac et de la nicotine. « Ces campagnes doivent clairement faire la distinction entre les cigarettes combustibles et les produits à risque réduit. En proposant des produits réglementés et à risque réduit, le Cameroun peut dissuader les fumeurs de se tourner vers le marché noir pour leurs besoins en nicotine », détaille l’enseignante d’université. A travers cette démarche, elle soutient que l’objectif n’est pas d’encourager les non-fumeurs, en particulier les jeunes, à commencer à consommer des produits à base de nicotine. Une réglementation rigoureuse et son application seront essentielles pour empêcher l’accès des mineurs, soutient-elle.