Marché du porc : le Centre et le Littoral tirent la croissance, avec une projection de 490 milliards FCFA d’ici 2030

Déjà en pleine expansion dans le pays depuis quelques années, grâce notamment aux rôtisseries spécialisées qui essaiment les rues des grandes villes, traduisant une augmentation de la consommation, le marché de la viande de porc au Cameroun a encore de beaux jours devant lui, selon le cabinet londonien Trends & Poor. En effet, une étude que vient de publier cette structure spécialisée dans le conseil aux gouvernements et aux entreprises révèle que ce marché a pesé 231 milliards de FCFA en 2024, chiffre qui devrait plus que doubler d’ici 2030.

« Nous avons évalué la taille du marché du porc au Cameroun en 2024 et construit une prévision pour les cinq prochaines années, sur la base des hypothèses les plus informées du marché local. Nos estimations révèlent que sur la base des prix pratiqués dans la vente au détail, le marché du porc au Cameroun est évalué à 231 milliards de FCFA. Cela correspond à un volume de 77 000 tonnes (contre 39 676 tonnes, selon le discours de politique générale du Premier ministre du 1ᵉʳ décembre 2024 à l’Assemblée nationale, NDLR). Ce chiffre est en hausse de 57% par rapport au chiffre du ministère de l’Elevage pour l’année 2023. Nous pensons que cette différence n’est pas uniquement le fait de l’augmentation de la production entre 2023 à 2024, mais aussi le résultat d’éventuelles erreurs de calcul (Ndebi et Ongla, 2006) », soutient Trends & Poor.

A en croire ce cabinet basé à Londres, le marché du porc au Cameroun est « appelé à croître régulièrement d’environ 9% par an, pour atteindre près de 490 milliards de FCFA d’ici 2030. Cette tendance projetée, construite sur la dynamique historique du marché, est également déterminée par la population et les revenus à travers les régions du Cameroun. Cette tendance ne tient pas compte (au-delà des informations intégrées de la structure de l’équation prédictive) d’éventuels changements dans les habitudes de consommation, des prix d’autres viandes et du poisson, ainsi que des coûts de production et de distribution».

Vecteur de lutte contre la pauvreté

D’après l’étude, les régions du Centre et du Littoral sont les terreaux de la consommation de la viande de porc au Cameroun. Bien qu’elles affichent le prix au détail le plus élevé au cours de la période sous-revue (3500 FCFA le kilogramme), ces deux régions totalisent, apprend-on, plus de 58% du marché en 2024. Ce pourcentage atteint 71% lorsqu’on intègre la région de l’Ouest, l’autre grand bassin de cette viande dans le pays. « Le Nord, le Sud, l’Est et l’Adamaoua sont en bas du classement, les quatre régions comptent pour moins de 8% de la consommation intérieure du marché du porc. Le prix le plus bas par kilogramme en 2024 a été enregistré dans l’Extrême-Nord, à 1400 FCFA », révèle Trends & Poor.

À en croire notre source, la consommation de la viande de porc au Cameroun dépend des éleveurs en activité dans les régions du Nord-Ouest, de l’Extrême-Nord et de l’Ouest, qui sont les principales sources d’approvisionnement du pays. « Nous avons constaté d’énormes opportunités en matière de création de valeurs dans le secteur, tirées par le potentiel des exportations et des segments inexploités tout au long de la chaîne de valeur de la filière porc. De plus, étant donné le niveau relativement bas d’éducation et de l’expertise technique requis pour l’élevage porcin, sa capacité à procurer de la liquidité et des marges de profit relativement élevées, des programmes de réduction de la pauvreté peuvent être développés dans le cadre de ce secteur, en particulier dans les zones rurales», souligne le cabinet londonien.

Trends & Poor a été co-fondé dans la capitale britannique par le Camerounais Ludovic Feumo. Titulaire d’un doctorat, ce spécialiste de la modélisation macroéconomique et des études d’impact a conduit et participé à de nombreux projets en Afrique, aux Caraïbes, au Moyen-Orient et en Europe avec l’Onudi et le cabinet Deloitte LLC UK. Ludovic Feumo est diplômé des universités de Yaoundé II, au Cameroun, de Helsinki, en Finlande, et d’Edinburgh, au Royaume-Uni.

Brice R. Mbodiam

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