
Pour justifier la mauvaise qualité de son service actuel, Orange Cameroun pointe un doigt accusateur sur Camtel. Le 16 février 2025, Orange Cameroun a publié un communiqué dans lequel il dénonce une « dégradation persistante » de la qualité de ses services, imputée à des coupures répétées sur les liaisons de transmission par fibre optique fournies par Camtel. Selon l’opérateur, ces interruptions ont engendré « une instabilité » dans la qualité des services, affectant principalement six des dix régions du pays.
« Nos équipes techniques relèvent 15 coupures de fibre optique depuis le 1er février 2025 sur des segments stratégiques de notre réseau, affectant ainsi la disponibilité et la qualité des services voix et data particulièrement dans les régions du Sud, l’Est, l’Adamaoua, l’Extrême-Nord, le Nord et le Sud-Ouest. Plusieurs villes et localités parmi les plus impactées ont été dénombrées, dont Buea, Zoétélé, Sangmélima, Guidiguis, Yagoua, Kaélé, Bélabo, Messamendongo, etc. », indique Orange dans son communiqué. Toutefois, l’opérateur assure que les équipes de Camtel « sont à pied d’œuvre pour un retour rapide à la normale ».
Ces accusations ont rapidement suscité une réaction de Camtel, le gestionnaire public du réseau de fibre optique au Cameroun qui revend ce service à ses concurrents Orange Cameroun et MTN Cameroon. Le 17 février 2025, Camtel, a, dans un communiqué, exprimé son « indignation » face aux déclarations d’Orange considérées comme une tentative de « discréditer » son réseau et de se défausser de toute responsabilité en rejetant la faute sur le réseau de transport. Selon Camtel, Orange Cameroun utilise la « fibre noire » pour construire son propre réseau, une fibre sur laquelle il n’a aucune visibilité une fois celle-ci revendue.
« Si des solutions telles que les capacités managées offrent automatiquement la redondance en cas de panne ou de coupure de la fibre optique et garantissent la disponibilité permanente des services, il est à relever qu’Orange Cameroun refuse délibérément d’en exploiter et préfère rester sur la fibre noire. En conséquence, Camtel ne saurait être tenu responsable de la dégradation du réseau d’un client due à la limitation de la solution technique choisie par ce dernier », a réagi Camtel.
Mesures
Malgré les tensions, Camtel reconnaît toutefois qu’un site d’Orange à Zoétélé, dans la région du Sud, a connu des « perturbations » le 14 février 2025. Cependant, l’opérateur public précise que ces problèmes concernaient uniquement la connexion en « last mile » (la dernière portion du réseau reliant l’utilisateur à Internet) de ce site. Camtel souligne qu’en tant qu’opérateurs, la responsabilité de la redondance de cette connexion incombe à chaque fournisseur et que les perturbations observées à Zoétélé n’ont pas affecté ses propres services, ni ceux de MTN Cameroon.
Cette guerre de communication sur la qualité du réseau n’est que la partie émergée de l’iceberg. La question de la qualité des services et du non-respect des exigences réglementaires demeure un problème récurrent au Cameroun, où les opérateurs se renvoient constamment la balle. A la suite d’une visite des installations techniques des trois opérateurs susmentionnés, la ministre des Postes et télécommunications, Minette Libom Li Linkeng, a annoncé le 11 octobre 2024, un train de mesures visant à améliorer la situation après avoir constaté de nombreux dysfonctionnements affectant directement le quotidien des consommateurs.
Malgré les mesures prises et les investissements massifs des opérateurs – 185 milliards de FCFA en 2023 – la situation ne semble guère s’améliorer. Les réseaux des opérateurs sont régulièrement pointés du doigt pour des problèmes récurrents tels que des appels interrompus, une couverture de réseau inégale et des connexions Internet instables, particulièrement dans les zones rurales et périphériques des grandes villes, entraînant de frustrations chez de nombreux consommateurs.
Patricia Ngo Ngouem
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