Le syndicat dénonce la convocation de sept journalistes et s’offusque de la dernière sortie du Cnc et d’une disposition de la loi des Finances.
L’heure est grave pour la presse. Marion Obam qui fait cette déclaration s’offusque du fait que le journalisme au Cameroun soit aujourd’hui sous le coup de restrictions de l’espace de liberté de presse et de la liberté d’expression. La présidente du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) s’exprimait ainsi à Douala mercredi 02 octobre 2024 lors d’un point sur l’état de la presse au Cameroun. Le leader syndical fait remarquer que pour le seul mois de septembre 2024, sept journalistes ont été convoqués par les agents des renseignements généraux dans le Septentrion. Dans la liste, on cite cette convocation le 19 septembre 2024 du directeur de l’information de Galaxie TV, une chaîne émettant de Garoua. L’homme des médias a été convoqué par la police « pour soi-disant, avoir des informations diverses sur les organes qui l’emploient et suggérer une orientation de son traitement de l’information », relève le syndicat.
Le Snjc cite aussi le cas du correspondant de l’Observateur du septentrion et un animateur de Crtv, accusés par un commissaire de police d’être les animateurs d’un certain forum appelé ‘’dénonciateur de Yagoua’’. Ils ont été convoqués le 24 septembre 2024 pour répondre des fautes d’injures publiques et de diffamation par voie électronique. Il leur est également reproché d’avoir enlevé les hommes en tenue déguisés en journalistes présents dans le forum, apprend-on. Deux autres journalistes travaillant à la radio F.M. Bénoué et à Radio Salaaman ont aussi été convoqués par les Renseignements généraux, selon la déclaration de la présidente du Snjc. « Un homme en tenue ne peut pas demander à un journaliste dans son traitement de l’information de parler en bien du Cameroun, de donner la liste des invités et de ne plus inviter des personnes qui disent du mal du pays », déplore Marion Obam.
Non à la quittance de 100 000 F.Cfa
Dans sa déclaration, le bureau exécutif national du Snjc fustige aussi au passage les sanctions récentes du Conseil national de la Communication (Cnc). L’organe, lors de sa 43ème session ordinaire le 08 août 2024, a infligé des sanctions à cinq médias et plusieurs journalistes. Des sanctions qui vont des avertissements aux suspensions des journalistes et médias pour des périodes allant jusqu’à six mois. Le Snjc relève pour le déplorer que des journalistes qui présentent les principaux débats télévisés et radios ont reçu des lettres d’intimidations, de menaces et d’organisation de leur travail. « L’objectif ici est de restreindre l’espace de liberté du journaliste, des médias et finalement du citoyen à qui on voudrait qu’on livre des informations taillées sur mesure pour plaire à certains esprits », s’offusque Marion Obam, pour qui cette répression répétitive des médias n’a pas de réel impact dans l’amélioration des contenus diffusés ou sur le respect de l’éthique et de la déontologie.
Dans le chapelet de ses dénonciations, le Snjc s’oppose à la disposition de la loi des Finances qui demande dorénavant aux journalistes de payer 100.000 F.Cfa pour toute accréditation pour la couverture d’un évènement au Cameroun. Pour le syndicat, cette quittance payable pour chaque évènement porte une atteinte grave au droit à l’accès aux sources. Les patrons de presse sont dans la foulée appelés à plus de vigilance, « car cette quittance vise directement les entreprises de presse, qui n’ont déjà pas les moyens de gérer leurs charges et notamment les salaires ». En invitant ses membres à continuer leur travail au service d’une nation démocratique et prospère, le syndicat les appelle à boycotter les évènements du gouvernement si rien n’est fait pour mettre sur pied un cadre propice à l’épanouissement de la presse et de la liberté de la presse au Cameroun. Au moment où l’aide publique à la presse privé est passée de 250 à 50 millions F.Cfa.