Ces personnes en situation de vulnérabilité ayant quitté le Nord-Ouest du fait des exactions terroristes dans le Nord-Ouest, vivent sans électricité ni eau dans ce département de la région de l’Ouest.
Sans carte nationale d’identité, des déplacés internes de la crise anglophone sont automatiquement exclus du processus électoral en vue de la présidentielle d’octobre prochain. Sans cette pièce, il leur est impossible de s’inscrire sur la liste électorale. « Nous sommes ici sans actes de naissance ni carte nationale d’identité. Nous avons tout perdu, soit dans le Nord-Ouest, soit à un moment donné de notre déplacement. Face à cette réalité, il est impossible pour nous de participer aux élections. Nous avons tenté plusieurs fois de nous inscrire sur la liste électorale mais sans succès. A chaque fois, Elecam nous exige la Cni. Une situation que nous comprenons », déclare Akum Tata, déplacé interne installé à Makeka, dans l’arrondissement de Foumbot.
Les habitants de ce village sont à 99 % des déplacés internes du conflit sociopolitique dans la région du Nord-Ouest, comme le confirme Tabue, secrétaire général du comité de développement de Makeka. Il précise que ces personnes, bien intégrées dans cette localité, font face à des difficultés d’accès à l’eau potable et à l’électricité. « Nos enfants, bien qu’étant inscrits à l’école primaire de Makeka, ne peuvent pas étudier la nuit. Nous avons, pour une famille de plusieurs membres, une seule lampe tempête. Pour avoir du pétrole, il faut faire plusieurs kilomètres », confie une déplacée interne. Dans cette école primaire à cycle complet, seuls deux enseignants encadrent les 214 élèves inscrits dans cet établissement pour le compte de l’année scolaire 2024-2025. Le seul bâtiment de l’établissement, construit dans le cadre du projet Mont Mbapit, abrite trois salles de classes. Selon les explications de son directeur, chaque enseignant s’occupe de trois classes, avec déjà des élèves regroupés par niveau dans les trois salles de classes. À cette réalité, il évoque les problèmes d’actes de naissance pour les enfants de Class 6, engagés à participer aux examens officiels. Sur les 42 élèves concernés par ces examens, plus de 75 % sont sans actes de naissance, a-t-il précisé.
Selon les déclarations de Tabue, les personnes déplacées à cause de l’insécurité dans le Nord-Ouest, installées à Makeka, n’envisagent plus de retourner dans le Nord-Ouest. « Les premiers, des chasseurs, se sont installés. Progressivement, ils ont fait venir leurs familles, des amis et des connaissances. C’est ainsi que la chefferie du village a distribué les terres aux déplacés internes. Nous avons créé un cimetière ici où nous enterrons nos morts. Nous allons rester ici et nous y serons enterrés », affirme-t-il. Pour Hermand Guena, coordonnateur national de l’association humanitaire Gamos Take Care International (GATCI), « à Makeka, nous avons une autre catégorie de déplacés internes. Ce sont des gens qui ont tout perdu. Ils ont créé une communauté multiculturelle que l’Unesco est en train d’encadrer dans cette localité. Cette institution y conduit un dialogue qui les amène à parler entre eux et à aborder les questions de développement ». Gatci, une organisation humanitaire sur le terrain depuis des mois, dans le cadre du projet de son projet de Village humanitaire Mawouen a organisé le mardi 25 février dernier à Makeka, un atelier de sensibilisation des jeunes en situation de déplacement forcé en éducation à la citoyenneté mondiale de l’Unesco. « Nous comptons, dans le cadre du plaidoyer, amener l’Unesco à collecter d’autres organisations des Nations unies pour que les thématiques qui ont été abordées aujourd’hui soient adressées aux autorités compétentes, et que les citoyens d’ici se sentent citoyens du monde, intégrés dans la citoyenneté mondiale de l’Unesco », projette Hermand Guena.