Annoncée dès le 7 juin par certains médias, la mort du chef de l’Etat gabonais a été confirmée le 8 juin. Il était hospitalisé en Espagne depuis un mois. ( Pouvoir et dictatures. Enquête sur les derniers moments de dictateurs et potentats africains).
Il avait passé 41 ans au pouvoir et bien de Gabonais n’avaient connu que lui comme chef de l’Etat. Alors était-il seulement possible pour eux d’envisager un Gabon sans Omar Bongo ? Pouvait-on oser évoquer la mort du Roi ? Un crime de lèse-majesté, une hérésie ! Alors, si en juin 2009, Omar Bongo, âgé alors de 73 ans, est invisible depuis un mois, personne ne s’aventure à penser qu’on ne le reverra pas vivant au Gabon. En mars de la même année, il a perdu son épouse Edith Bongo. Une perte qui a semblé profondément l’affecter, alors que des rumeurs circulaient déjà sur son état de santé.
Selon certaines sources, Omar Bongo aurait eu un choc à l’inhumation de son épouse. Sa santé déclinante, la décision a été prise de l’évacuer en Europe. Mais aucune communication officielle n’est faite. Le 6 mai, il a suspendu ses activités. Pour se reposer dit-on, et faire le deuil de sa défunte épouse. Il s’envole pour Barcelone en Espagne. « Omar Bongo était hospitalisé dans la clinique privée Quiron. Selon les autorités gabonaises, le chef de l’Etat gabonais y avait été admis pour un simple « bilan de santé ». D’autres sources interrogées par l’AFP avaient au contraire indiqué qu’il se trouvait dans un état « grave », soigné pour un cancer », écrivait l’AFP le 7 juin 2009.
L’agence de presse s’appuyait sur une annonce faite sur son site Internet par le magazine français Le Point. Une annonce suivie d’un démenti du gouvernement gabonais. « Annoncée sur le site internet de l’hebdomadaire Le Point, l’information n’a pas été confirmée officiellement à Paris ou à Libreville », précisait la dépêche de l’AFP. Des rumeurs la mort de Bongo avaient commencé à circuler un peu plus tôt. Chaque fois démenties par les autorités gabonaises. L’ambassadeur de France au Gabon a même été convoqué au ministère gabonais des Affaires Etrangères : les autorités de Libreville s’indignaient « de la manière dont cette affaire a été traitée par les médias publics » de France. Le Conseil national de la Communication gabonais également s’est indigné du traitement de l’information par les médias français qui diffusaient « des informations non officielles et alarmistes ».
C’est finalement le 8 juin 2009 que le Premier ministre Jean Eyeghe Ndong confirme le décès du président Bongo à travers un message. « C’est à 14h30 que l’équipe médicale m’a informé, ainsi que les officiels et membres de la famille présents, que le président de la République, chef de l’Etat, Omar Bongo Ondimba, venait de rendre l’âme des suites d’un arrêt cardiaque », a-t-il écrit. Selon certaines sources, elle était intervenue bien plus tôt, mais il fallait trouver le moyen de la rendre publique. D’après le site visionafricaine.com, Omar Bongo serait mort le 7 mai 2009 et sa mort n’aurait été rendue publique que plus tard pour des raisons politiques et familiales. « Niée en termes péremptoires à 10 heures – « il est vivant et va bien » -, la mort d’Omar Bongo, survenue officiellement à 14 h 02, a finale[1]ment été annoncé peu après 17 heures dans un message écrit diffusé à Barcelone par le premier ministre gabonais », écrivait le quotidien français Le Monde.
L’annonce du décès a occasionné stupeur et crainte à Libreville. Les débits de boisson ont été fermées. Les frontières aussi. Un deuil national de 30 jours a été décrété sur l’ensemble du territoire national. La présidente du Sénat, Rose Francine Rogombé, été désignée présidente par intérim. « Les fonctions de président de la République sont provisoirement exercées par le président du Sénat », a déclaré Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour constitutionnelle. Elle a pour mission d’organiser l’élection présidentielle dans un délai de 30 à 45 jours. A la suite de l’élection présidentielle du 30 août 2009, le candidat du Parti démocratique gabonais, Ali Bongo, est proclamé vainqueur.
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