L’élection présidentielle au Cameroun avance à grands pas. Paul Biya, fortement pressenti à la course pour sa propre succession, continue comme depuis plus d’un mois déjà, à multiplier des déclarations à l’arrière-gout de campagne, sur les réseaux sociaux. « La liberté de conscience, comme les autres libertés – et peut-être davantage que les autres – doit être respectée, et l’État doit rester indépendant et neutre à l’égard des religions », a posté le Chef de l’Etat ce lundi sur sa page Facebook.
Cette déclaration, qui souligne l’importance de la neutralité de l’État en matière religieuse, intervient dans un contexte où les tensions identitaires et religieuses se sont intensifiées à travers le pays, notamment à l’Église presbytérienne camerounaise (EPC), où des conflits entre fidèles se sont multipliés, impliquant parfois un jeu trouble des autorités administratives. Ces tensions interreligieuses et intrareligieuses ajoutent à la complexité du contexte sociopolitique actuel.
Paul Biya et les évêques
Sur le plan politique, il faut surtout voir que la déclaration du président Biya survient dans un contexte de précampagne électorale, où les évêques et plusieurs prêtres de l’Église catholique du Cameroun ont récemment exprimé leur désapprobation face à la perspective d’une nouvelle candidature du président, âgé de 92 ans. Cette prise de position de l’Église catholique, qui a un poids moral et social important dans le pays, a suscité des réactions diverses au sein de la classe politique et de la société civile. Si la hiérarchie de l’église catholique exprime des réserves quant à une nouvelle candidature de Paul Biya, cette réaffirmation de la laïcité par le chef de l’État est alors analysée par plusieurs observateurs comme une tentative de circonscrire le rôle des religions dans le débat politique, en leur rappelant que l’État, tout comme elles, doit maintenir une stricte neutralité.
Des libertés fondamentales garanties ?
La réaffirmation de l’attachement du président Biya à la laïcité et aux libertés fondamentales peut être interprétée comme une tentative de rassurer les différentes composantes de la société camerounaise, dans un contexte où les inquiétudes concernant les tensions identitaires et religieuses sont croissantes. Cependant, la portée réelle de cette déclaration reste à évaluer, notamment au regard des tensions persistantes et des enjeux politiques liés à la prochaine élection présidentielle.
Il sera crucial d’observer comment cette déclaration se traduira en actes concrets, notamment en ce qui concerne la gestion des conflits religieux et la garantie des libertés fondamentales pour tous les citoyens, dans un contexte de précampagne électorale potentiellement polarisé.