Féminicides, infanticides et autres formes de crimes ne cessent de se multiplier. Les défenseurs des droits de l’homme dénoncent une impunité et décrient une société déshumanisée.
Mabelle Lydienne Alima, une jeune fille de 25 ans a succombé à ses blessures ce 15 mai 2025 à l’hôpital Général de Douala. La jeune fille était internée depuis le 4 mai dans cette formation sanitaire, où elle a été évacuée, suite à une grave brûlure dont elle a été victime. Mabelle Lydienne Alima a été brulée avec l’essence par son petit ami. La scène s’est déroulée à Sa’a, localité située dans le département de la Lékié. Le présumé meurtrier a été interpellé et selon les témoins, il est actuellement en détention à la prison de Monatélé, dans la région du Centre, département de la Lékié. Depuis hier, la maman de la victime est inconsolable et souhaite que justice soit faite en sa faveur. Un autre acte de barbarie de plus qui intervient au moment où l’assassinat lâche et brutal du petit Mathis continue de susciter colère et indignation. C’est le 10 mai dernier que ce jeune écolier âgé de 6 ans a été poignardé à mort au domicile de ses parents par un quinquagénaire. Le présumé assassin de Mathis a décidé de se venger sur un innocent suite à un différend qui l’a opposé avec le père de la victime. Le ministre des Affaires sociales, Pauline Irène Nguene a rencontré les parents de Mathis ce 15 mai 2025. Elle a annoncé le déploiement des travailleurs sociaux pour fournir un soutien psychosocial aux parents de Mathis.
En juin 2023 à Douala, Diane Yangwo, une enseignante dans la ville de Douala a été battue à mort par son conjoint. En avril dernier, le présumé meurtrier de Diane Yangwo a été condamné à cinq ans d’emprisonnement avec sursis, ainsi qu’au paiement d’une amende de 53000 Fcfa par le tribunal de grande instance du Wouri. La famille de Diane Yangwo qui dénonce ce verdict a fait appel. Les cas de féminicides au Cameroun ne cessent de multiplier ces dernières années. Selon le ministère de la Promotion de la femme et de la famille plus de 80 cas de féminicides ont été enregistrés en 2024. Selon les mêmes sources, en 2025, plus de 11 cas de femmes ont succombé aux coups de leurs conjoints. Quatre corps en état de décomposition ont été retrouvés en novembre dernier À Sikoum vers Edea.
En janvier 2023, le journaliste Martinez Zogo a été enlevé, torturé avant d’être assassiné par un groupe d’hommes constitués en majorité des éléments des forces de défense et de sécurité. Les présumés assassins de Martinez Zogo n’ont toujours pas été jugés par le tribunal militaire de Yaoundé.
D’autres cas de maltraitance infligés aux populations ne cessent d’attirer l’attention des défenseurs des droits de l’homme. C’est le cas de la vidéo de maltraitance de l’artiste Longuè Longuè. Cet artiste a été tabassé par les éléments de la Sécurité militaire. C’est depuis huit mois qu’une enquête a été ouverte sur l’affaire Longuè Longuè et les résultats de l’enquête n’ont toujours pas été communiqués. Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de l’Ong Nouveaux Droits de l’homme estime que le Cameroun est devenu un pays où la terreur et l’horreur règnent désormais en maitre.
Cette situation selon l’expert des droits de l’homme, traduit une crise de gouvernance. Ladite crise de gouvernance se traduit par des lenteurs dans les procédures judiciaires, l’impunité des auteurs des crimes, et la corruption.
Agbor Balla, avocat au barreau du Cameroun, estime pour sa part que les multiples cas d’atrocité enregistrés sont le fruit de la déshumanisation : « Beaucoup de nos compatriotes n’ont plus un respect pour la vie humaine. Les gens sont prêts à tuer pour rien », affirme l’avocat.
La prise de conscience collective, la mise en place d’un mécanisme judiciaire rapide et efficace sont les solutions pour protéger les populations.
P.N