Selon le rapport sur la compétitivité de l’économie camerounaise, publié par le Comité de compétitivité du ministère de l’Économie, les délais de passage des marchandises à l’exportation se sont allongés entre 2015 et 2023, passant de 10,6 jours à 21,2 jours sur cette période. Soit une augmentation de près de 10 jours en neuf ans.
Le Comité de compétitivité ne justifie pas cet allongement. Toutefois, le Port autonome de Douala (PAD), institution chargée de la gestion de l’espace portuaire de la capitale économique, explique que ces délais dépendent de la rapidité des procédures engagées par l’exportateur, dès le dépôt du conteneur au terminal. Pour certains opérateurs de la place portuaire, l’allongement des délais à l’exportation s’explique par plusieurs facteurs, notamment l’indisponibilité des navires. « Généralement, ce sont les mêmes navires qui font l’import et l’export, et il peut se trouver que le navire mobilisé par l’exportateur soit indisponible à temps. Cela rallonge ainsi les délais d’embarquement des marchandises », explique Hamma Toukour Gandi, président exécutif du Groupement des opérateurs du transport maritime et auxiliaires du transport au Cameroun (Gotram).
De cette analyse, il ressort que les délais à l’importation et à l’exportation peuvent être liés, dans la mesure où un navire en retard au déchargement sera par conséquent en retard pour l’embarquement des marchandises destinées à l’export. Hamma Toukour Gandi ajoute que la lenteur des procédures d’exportation, due à la multiplicité des contrôles administratifs (douanes, impôts, ministères, etc.), est également un facteur ralentissant le processus, lequel « pourrait être réalisé en dix jours » en l’absence d’entraves.
Importations
Toutefois, le Comité de compétitivité révèle qu’au Cameroun, les délais à l’importation ont été réduits de 16 jours entre 2015 et 2023, passant de 25,6 jours à 9,5 jours. Précisons que le séjour d’un conteneur importé dans le port reflète le temps mis par l’importateur à accomplir les procédures de dédouanement auprès des services de la douane et des services des impôts. La douane camerounaise préconise un délai de 11 jours pour sortir un conteneur du port de Douala, où transite plus de 80 % du commerce international du pays, selon les estimations de l’autorité portuaire.
CPPI
Il convient de souligner que la durée de séjour des navires est l’un des principaux critères d’évaluation de la performance et de la compétitivité des ports. Selon l’indice mondial de performance des ports à conteneurs (CPPI) 2023, publié par la Banque mondiale et Standard & Poor’s Global Market Intelligence, le port de Douala s’est classé 373e mondial sur 405 ports évalués. Le PAD a ainsi perdu six places par rapport à l’année précédente, en raison notamment de ses infrastructures vieillissantes, selon la Banque mondiale. Ce qui conduit, d’après l’institution de Bretton Woods, à des inefficacités opérationnelles et des retards fréquents.
Pour réduire ces délais, qui plombent sa compétitivité, le PAD implémente un plan visant à tripler sa capacité d’ici 2050, en acquérant des équipements de manutention modernes. Fin 2023, il a investi 12 milliards de FCFA pour se doter de huit nouveaux portiques de parcs au terminal. Cet investissement a eu pour effet, selon l’autorité portuaire, d’accroître la capacité de stockage du terminal, d’accélérer le cycle de livraison et de réception des conteneurs, et de fluidifier les opérations des navires. Ces investissements ont, apprend-on, conduit à une réduction des délais à l’importation, qui frôlent actuellement les six jours.
Frédéric Nonos
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