« Les pères fondateurs ont planté une graine de révolution sociale dans notre peuple, une graine de sacrifice, de conviction et d’une foi indomptable en le destin de notre nation. Aujourd’hui, cette graine est devenue un arbre robuste, enraciné dans chaque région, dont les branches touchent chaque Camerounais. Un arbre de justice, de dignité et d’opportunités. » En ces termes, Joshua Osih a résumé les 35 ans d’existence du Social democratic front (SDF). Trente-cinq années de combats sur un terrain politique camerounais hostile, qui aura été particulièrement aride pour le Parti de la balance. En témoignent les résultats du parti aux différentes élections depuis son arrivée sur la scène politique nationale : après une victoire manquée de justesse à la présidentielle de 1992 (36,9% pour Ni John Fru Ndi, juste derrière Paul Biya 39,9%, dans un contexte où des voix se libèrent de plus en plus pour donner raison au Chairman qui réclamait la victoire), le parti qui avait déjà boycotté les législatives et municipales de 1992, remettra ça en 1997, donnant le champ libre au pouvoir et ses alliés de dominer la scène nationale. Lorsqu’il revient aux législatives, c’est pour récolter 43 places de députés. En 2004, Ni John Fru Ndi reculera pour se contenter de 17,4% des suffrages, puis 10,71% en 2011. Amorti par le poids de l’âge et luttant pour sa santé, l’homme de Ntarinkon céda le bâton de pèlerin à Joshua Osih. La dégringolade fut encore plus rude. Le candidat du SDF récolta 3,35% des suffrages, derrière de nouveaux visages : Maurice Kamto et Cabral Libi’i respectivement.
Le temps aura ainsi eu raison du parti qui incarna le changement au « retour » du multipartisme. Depuis les six morts de Up station Bamenda le 26 mai 1990, jusqu’à nos jours, le parti aura souffert le martyr dans un système où l’esprit du parti unique résiste à toute tentative d’ouverture. Si des acteurs commencent à se libérer pour attester que John Fru Ndi avait gagné les élections, le système électoral est de plus en plus mis en cause dans l’organisation des différents scrutins. La fraude se porte de mieux en mieux. Entre temps, le SDF a abandonné l’option radicale pour se ranger dans un conformisme qui semble lui faire défaut. Si Fru Ndi et les siens ont opposé une fin de non recevoir à Jean Tsomelou l’ancien secrétaire général et plusieurs barons de l’ancienne équipe sur le « retour au SDF originel », le parti qui souffre mieux que tous les autres, de la crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, tente de se relever en lorgnant son ancien fief, le Nord-Ouest. Le Littoral et l’Ouest semblant virer vers Maurice Kamto et ses alliés que sont entre autres Jean Michel Nintcheu, député vomis du SDF.
Joshua Osih qui a repris le gouvernail du SDF à la mort de Fru Ndi et qui a bénéficié de la mise à l’écart des anciens barons partisans de la politique dure, le sait et croit pouvoir surmonter la pente : « En célébrant cet anniversaire, nous faisons bien plus que marquer une date : nous renouvelons un pacte. Nous réaffirmons l’audace de l’espoir, la discipline du service et le courage de l’action que l’avenir exige de nous. Le chemin fut ardu, semé d’épreuves, mais notre détermination demeure inébranlable. Que ce jour résonne comme un appel clair : bâtir un Cameroun prospère, inclusif et pleinement démocratique », se bombe-t-il. Face à la forte concurrence que lui oppose le MRC de Maurice Kamto et le Pcrn de Cabral Libi’i, le SDF de Joshua Osih devra reconquérir la confiance populaire et faire des propositions séduisantes pour le changement qu’il a incarné.
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