Les sept signataires, plus le Pr Aba’a Oyono, à la veille d’un scrutin qui, selon eux, devrait « se solder par le changement du régime de Paul Biya », exhortent leurs frères et sœurs du Sud à choisir entre deux attitudes.
Le premier choix est celui du « silence, l’inaction, la peur, la connivence avec le régime sortant ». Un tel positionnement conduirait la population à « subir encore et toujours après avoir subi depuis 1982 », date de l’accession de Paul Biya au pouvoir. Pour les auteurs de la déclaration, ce serait un choix irresponsable, d’autant plus qu’il est temps de « sanctionner » le régime « dans les urnes lors de l’élection présidentielle », un régime qui, selon eux, a « lamentablement échoué dans tous les secteurs de la vie nationale ».
Le second choix, qualifié d’« utile et responsable », est celui de l’engagement et de la participation active au changement politique annoncé pour 2025. Le collectif estime qu’en 43 ans, le régime en place n’a apporté « rien de bénéfique aux populations du Sud ». La déclaration dresse un tableau sombre de la situation régionale : l’état des routes est « désastreux », certaines localités n’ont pas connu d’électricité depuis l’indépendance, et le comice agropastoral de 2010 n’aurait « rien apporté de significatif » à Ebolowa. Le document met également en lumière « le chômage endémique des jeunes diplômés et sous-scolarisés » et une « mauvaise qualité de vie » qui se dispute la scène sociale avec un « désespoir généralisé ».
Des « mensonges »
Par ailleurs, les signataires de cette déclaration appellent la population du Sud à démentir certains « mensonges » persistants. Ils réfutent l’idée que les ressortissants de la région seraient naturellement attachés à Paul Biya du simple fait qu’il en est originaire, arguant que l’homme politique « n’a affiché que condescendance et distance vis-à-vis des populations du Sud (…) ».
L’autre « mensonge » dénoncé est celui présentant « le Sud comme le socle granitique du RDPC ». Selon la déclaration, il s’agit là d’« un slogan politique de griot », souvent promu par une « élite » qui, après leur nomination, se serait transformée en « expert en fraude électorale, agent de la terreur, du trafic d’influence, de l’accaparement des terres… ».
Positions connues
Il est à noter que plusieurs signataires de cette déclaration ont, par le passé, affiché des positions politiques ouvertement opposées au régime de Yaoundé.
C’est le cas du Pr Jean Calvin Aba’a Oyono, universitaire spécialiste du droit public et se réclamant de la société civile scientifique. Ce dernier a d’ailleurs publiquement réitéré son soutien à Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun et candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2025.
Lors d’un meeting présidé par Maurice Kamto à Paris le 31 mai dernier, le Pr Aba’a Oyono était présent aux côtés du député Jean Michel Nintcheu, et a affirmé accorder « tout son soutien à son ancien enseignant d’université devenu son collègue. »