Issa Tchiroma Bakary, longtemps perçu comme l’un des plus fidèles soutiens et porte-parole du régime, dans un extrait vidéographique publié ces dernières heures sur la toile, a adopté un ton particulièrement dur. Il est allé jusqu’à qualifier de « bourreau » celui qu’il défendait publiquement il y a encore peu de temps. Ce revirement spectaculaire relance la question de son repositionnement politique, lui, l’ancien opposant rallié au parti au pouvoir en 1992.
Une critique acerbe du régime
Lors d’un discours devant ses partisans, notamment à Garoua, le leader du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC) a dénoncé avec véhémence la misère qui frappe la jeunesse, soulignant le manque d’opportunités économiques qui entrave leur avenir et celui du pays. Il a exhorté ses concitoyens à refuser de soutenir ceux qu’il tient pour responsables de cette souffrance prolongée.
« Toute personne qui vous invite à voter pour une chose déjà reconnue comme étant la cause de votre mal-être, c’est lui votre ennemi, » a-t-il déclaré, citant en exemple la difficulté des jeunes hommes à trouver un emploi, ce qui, selon lui, empêche même les jeunes filles de se marier dans le septentrion. « Comment vont-ils l’avoir si dans tous les concours qu’ils font, on les recale? » a-t-il interrogé, visant clairement les pratiques de recrutement.
Issa Tchiroma Bakary a ainsi formulé une critique à peine voilée du régime en place. Son message, prônant une prise de conscience électorale et un « choix audacieux » lors du prochain scrutin, résonne particulièrement auprès des électeurs aspirant au changement après plusieurs décennies sous la même direction.
« Faire un choix audacieux qui nous sortira de la misère de ces 42 ans »
L’ancien ministre de la Communication a insisté sur la nécessité de l’unité pour sortir le pays de la misère. « Certes on n’a pas pu vous sortir de la misère hier, mais aujourd’hui si on s’unit, si nous nous mettons ensemble on peut le faire. Vous sortirez de vos souffrances. » Il a également appelé à une mobilisation citoyenne concrète : « Il est temps que chacun fasse son travail, s’inscrire sur la liste électorale et obtenir sa carte pour faire un choix audacieux qui nous sortira de la misère de ces 42 ans. »
Dans cet extrait vidéo circulant en ligne, on voit le ministre Tchiroma échanger en fufuldé avec un groupe de jeunes, les encourageant à « prendre leur responsabilité et à voter utile » en ne « votant pas quelqu’un qui va perpétuer le mal. »
Issa Tchiroma a conclu en affirmant qu’il se placerait dorénavant « du côté des populations qui sont les plus chères pour lui, de sorte qu’on les extirpent de la misère dans laquelle elles ont été plongées depuis plus de 40 ans. »
Cette sortie d’Issa Tchiroma Bakary, un poids lourd politique qui a longtemps été une voix du pouvoir, marque un tournant significatif. Elle pourrait potentiellement influencer les dynamiques électorales, particulièrement dans les trois régions septentrionales du Cameroun, où le FSNC dispose d’une base. Reste à voir si ce « sursaut de rhétorique » se traduira par un repositionnement politique concret et quel impact il aura sur le scrutin présidentiel à venir.