Dans une analyse qu’il dit avoir formulée sur la base de son expérience en campagnes de communication internationales, Jean Claude Mbede insiste sur l’importance d’une « needs assessment » (évaluation des besoins) pour comprendre la situation générale. Pour lui, « dans le cas du Cameroun aujourd’hui, le peuple dans son écrasante majorité demande le changement du système politique. » Il en exclut toutefois « les « fils de… » et les membres des familles de la minorité prédatrice. »
Le journaliste identifie plusieurs catégories de personnes constituant ces « poches de résistance ». Il mentionne d’abord « ceux qui gagnent des marchés publics et réussissent à se faire payer selon les critères du ‘courbe toi…’, décrits par l’artiste Roméo Dika. » Il ajoute à cela « ces gens qui ont réussi à avoir un petit travail de temporaires aux impôts, qui sont recrutés sans appel d’offre à CRTV, Camtel, SNH, etc.. » Une autre catégorie inclut « ces jeunes qui passent des concours publics grâce à leur présence sur les listes tribale d’un député ou Maire de leur village et non grâce à leur formation. »
Jean Claude Mbede met particulièrement en lumière ce qu’il appelle « ces jeunes Beti mentalement encrés dans l’esclavage politique et de la corruption sociologique. » Selon lui, « On leur a enseigné depuis 43 ans qu’il est bon que les BÊTIS gardent le pouvoir parce qu’ils sont beti. Mais, ils n’en voient pas les bénéfices. » Il déplore l’ancrage de la peur par des récits tels que « On leur a dit qu’ « Boloab Loaba » ne doit pas prendre le pouvoir. On leur a dit que si les nordistes prennent le pouvoir, ils vont effacer les Beti. On leur a dit que si un Bamileke arrive au pouvoir, le Cameroun est fini. On a inculqué la peur. »
Pour conclure, Jean Claude Mbede adresse un appel clair aux « forces du changement dont professeur Kamto » : « C’est vers eux que j’appelle (…) à se tourner. De leur tendre la main. C’est le dernier goulot d’étranglement du changement. Si l’on veut prendre le pouvoir par les urnes avec 90% il faut mener des séances d’exorcisme collectif vers ces catégories sociologiques de notre tissu national. »
Cette analyse du journaliste, publiée à un moment clé de la vie politique camerounaise, suggère une stratégie de conquête électorale qui irait au-delà de la simple mobilisation des acquis, en cherchant à convaincre les segments de la population traditionnellement considérés comme des bastions du pouvoir en place.