Plusieurs seront lancés ce 6 novembre. Le dernier avant le scrutin. Mais à Mokolo, Monatélé ou encore Ebolowa, on avait pris au moins une longueur d’avance.
Effet de mode ? Marque d’une confiance indéfectible au chef ? Ou véritable action de stratégie politique ? Comme souvent à la veille des élections présidentielles au Cameroun, les appels à la candidature de Paul Biya sont de sortie. Mais le contexte, à la veille de l’échéance de 2025, semble différent. Le président, à 91 ans, célèbre aujourd’hui le 42e anniversaire de son accession au pouvoir. Et plus que jamais, des questions se posent sur sa capacité à poursuivre et même sur sa volonté de le faire. Le peut-il encore ? Le veut-il seulement ? Nul doute pourtant que l’un des points communs à tous les meetings qui seront organisés ce jour sur l’ensemble du territoire national sera le fameux appel à la candidature de « l’homme du 6 novembre » à la présidentielle de 2025. D’ailleurs la Lekié l’a déjà annoncé dans une déclaration signée le 30 octobre dernier à Monatélé, à l’issue d’une réunion présidée par Henri Eyebe Ayissi, le chef de la délégation permanente départementale du Rdpc dans la Lekié. En attendant le meeting de ce jour.
Déjà, en 2021, toujours à son initiative, la Lekié se positionnait déjà pour une candidature de Paul Biya en 2025. Samedi dernier à Ebolowa, plusieurs personnalités et militants du Rdpc s’étaient rassemblés pour assister à la diffusion d’un film documentaire sur le président Paul Biya. Pourtant, on en a retenu surtout la déclaration du chef de la délégation permanente régionale du Comité central du Rdpc pour le Sud. « Nous demandons donc solennellement ici à son excellence Paul Biya, président de la République, Chef de l’Etat, président national du Rdpc, d’être notre candidat à la prochaine élection présidentielle », a lancé Jacques Fame Ndongo.
50 000 jeunes à Mokolo
Si le retentissement de l’appel du Sud a été important, il n’est pourtant pas le premier appel d’envergure à une candidature de Paul Biya en 2025. Le 17 mai 2023 à Mokolo, chef-lieu du département du Mayo-Tsanaga, le ministre de la Santé, Manaouda Malachie a réuni près de 50 000 jeunes pour ce qui a été baptisé l’appel de la jeunesse de l’Extrême-Nord à la candidature de Paul Biya. Ils sont venus non seulement de la région de l’Extrême-Nord, mais également des deux autres régions du septentrion : le Nord et l’Adamaoua.
« Je suis très heureux de vous accueillir à Mokolo, cette belle et généreuse ville, dans le cadre de ce grand rassemblement pour un mouvement historique naissant, qui, je le pressens, va envahir toute la jeunesse camerounaise dans son ensemble parce que la cause est bonne et juste. Il s’agit ici de soutenir un grand homme, de donner force à ses œuvres et ses idées pour un Cameroun qu’il a su maintenir en paix, un et indivisible, fort et respecté sur la scène internationale ; ce grand homme, vous l’avez deviné, c’est son Excellence Monsieur Paul Biya », avait déclaré Manaouda Malachie. Le ton était donné. Mais d’où vient donc cette tradition d’appel au Cameroun ? Si aucun doute n’a pesé sur la candidature de Paul Biya aux présidentielles de 1992, 1997 et 2004, les choses ont changé dès le lendemain de la dernière. L’article 6 (alinéa 2) de la Constitution du 18 janvier 1996 limitait le nombre de mandats présidentiels à deux. Donc, celui engagé en 2004 était officiellement le dernier.
Pourtant, peu de temps seulement après le début de celui-ci, les élites du Sud (déjà) au cours de meetings de remerciement pour l’élection de Paul Biya en octobre 2004, évoquaient déjà une candidature pour 2011. La suite, on la connaît. Le 14 avril 2008, la Constitution du Cameroun était modifiée. Principal changement, la levée de la limitation des mandats présidentiels. Rien n’empêchait plus Paul Biya de se présenter à quelque élection présidentielle que ce soit. Avait-on pensé, dès 2005 dans le Sud, qu’il n’y avait pas meilleur candidat que Paul Biya pour le Rdpc ? Le timing cependant était plutôt surprenant. Quelques semaines seulement après le début d’un mandat de sept ans…
En 2021 et 2023 aussi on était encore relativement loin de la présidentielle. Mais déjà, circulaient toutes sortes de supputations sur d’éventuels dauphins ou encore des camps qui se livrent une terrible bataille de positionnement en vue de la succession de Paul Biya. Les lanceurs d’appel ont-ils voulu très vite dire leur allégeance et leur choix assumé pour Paul Biya ? Le scrutin est prévu dans moins d’un an. Paul Biya, comme à son habitude, garde le silence.