Au Cameroun, l’élection présidentielle approche assurément. « Paul Biya peut-il encore ? La réponse est oui ! Mais, la conscience du président est interpellée, au-delà de ses délateurs mortifères. Nous avons tous le droit de demander un devoir : demander au président Biya de passer le témoin », a écrit le DP du journal Le Messager.
Lire ci-dessous son éditorial:
Nous sommes en démocratie. Ou alors supposé comme tel. Dire que le président de la République est fatigué après presque 60 ans d’activités permanentes au service de l’État, n’est en rien un crime de lèse-Majesté.
Le Chef de l’Etat du Cameroun a beaucoup donné. Il a le droit au repos. Aujourd’hui, il y a lieu d’inviter à la conscience intrinsèque de l’Homme du 6 novembre 1982. Hier, la 64e édition de la finale de la Coupe du Cameroun s’est déroulée avec faste et solennité au stade omnisport Ahmadou Ahidjo.
Mais sans lui. L’année dernière, c’était le même scénario. Le rendez de la Coupe du Cameroun de football du Cameroun, fête quasi populaire pour le monde sportif qui clôture chaque année en l’année sportive nationale, n’a jamais été manqué par un Chef d’Etat camerounais deux ou trois années de suites. De quoi s’agit donc? Il s’agit de dire qu’un Homme d’État au service de l’État depuis près de 60 ans et qui s’est montré presque fidèle à l’idéal patriote, et surtout fidèle à ceux qui ont toujours dominé le Cameroun, a droit d’exister après le travail accompli. Le président Biya a droit au repos. 2025 arrive ! Dans son propre camp, il doit se dire des choses que lui inspire sa propre conscience d’ un homme d’État respecté sans le monde.
Paul Biya a rencontré les grands de ce monde. Certains de ces grands hommes ont disparus. Lui, notre président reste debout. Debout ? Oui et non. Le drame, c’est que nous sommes dans un pays où, hélas, il y a trois mondes. Un premier monde dans lequel vit la grande majorité des citoyens vigoureusement appauvris, et pour qui la quête du bien-être est fortement compromise, handicapée, et presque assassinée. Le deuxième monde du Cameroun est celui des fonctionnaires. Mal payés, ils doivent vivre des rentes et rapines, et qui organisent leurs survies virtuelles en installant des réseaux de la petite corruption dans les services publics avec comme finalité une morbide volonté d’essayer de « réussir sa vie » Enfin, le troisième monde est celui de la bourgeoisie régnante corrompue qui a pillé les fonds publics et s’impose sur tout le Cameroun.
Ici on ne résigne sur rien. On souhaite que le Prince vive encore 100 ans, juste pour permettre d’accumuler des richesses et toujours des richesses. Ce sont les harpagons du changement au Cameroun. Ils militent pour le statuquo. Rien ne doit changer. C’est pourquoi ils livrent un combat meurtrier à tous ceux qui rêvent, qui aspirent ou qui travaillent à l’avènement d’une société de libertés publiques et démocratiques. C’est la mafia d’Etat où se trouvent des futurs chefs de guerre qui une fois que « le guide éclairé » viendrait un jour à succomber, sortiront des bois pour plonger le Cameroun dans le chaos et compromettre l’avenir de ses enfants.
Ils sont motivés par ce que le Professeur Fabien Eboussi Boulaga, l’un des plus grands penseurs de notre temps appelait « la funeste passion de l’enrichissement illicite » qui leur donne de posséder et acquérir des biens par des fraudes de toutes sortes et le pillage de la fortune publique. Ce sont les gens de ce monde qui font la morale du patriotisme aux pauvres camerounais. Ils les prennent en otage. Comme ils le font avec Paul Biya, au pouvoir depuis plus de 40 ans, en lui exigeant de demeurer à jamais au pouvoir jusqu’à ce que Dieu en vienne à trancher.
Paul Biya est désormais un grand patriarche. Son âge ne nous permet pas, à nous au Messager de lui manquer de respect. Mais en tant que Chef de l’État nous avons le devoir de lui porter la parole dissidente, et portant comme dit Edwy Plenel « la plume à plaie ». Demandons donc au président d’ouvrir les yeux sur les souffrances que son régime impose à la plus grande majorité des camerounais qui sont la vie chère, l’immortelle corruption, la pauvreté qui se généralise…. Paul Biya peut-il encore ? La réponse est oui ! Mais, la conscience du président est interpellée, au-delà de ses délateurs mortifères. Nous avons tous le droit de demander un devoir : demander au président Biya de passer le témoin. Comment ? Bien sûr par des élections transparentes que lui, le sage supervise de sa haute stature patriarcale. Un français d’ un siècle lointain à notre temps actuel n’a pas cru à sa fin. Des leaders contemporains n’ont pas cru à leurs fins, mais le temps a décidé. Évidemment le temps nous donne le curseur. On lit le temps… et peut le vivre. Sauf si Socrate, la référence de la philosophie, s’est endormi.
NB : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale de Lebledparle.com.