La loi de Finances adopté le 08 décembre 2024, n’indique pas une augmentation du prix des produits pétrolier. Le ministre des finances est revenu sur la question lors des discussions générales.
Les prix des produits pétroliers vont-ils connaitre une hausse à la pompe en 2025 ? La question a refait surface, hier 08 décembre 2024, lors de la session ordinaire consacrée aux discussions générales sur le projet de loi de Finances 2025. Il y a quelques jours, une vidéo du ministre des Finances, Louis Paul Motaze, est devenue virale. En effet, à l’issue des travaux en commission au niveau du parlement, il a indiqué avec certitude que les prix à la pompe ne font pas augmenter. Le membre du gouvernement taclait ainsi ceux qui avaient vu dans la baisse des subventions une stratégie. « La subvention baisse parce que les prix sur le marché baissent » Il n’en est rien a rassuré le ministre : « Beaucoup ont vu que la subvention pour les produits pétroliers baisse. Ils en ont déduit que si elle baisse, c’est parce qu’on veut augmenter les prix du carburant à la pompe. C’est faux. Cela n’existe pas dans le projet. La subvention baisse parce que les prix sur le marché baissent ». Cette sortie a fait soupirer des camerounais.
Pour avoir le cœur net sur la question, l’honorable Adamou Koupit de l’UDC, lors des discussions en plénière ce dimanche, a invité le ministre à « prendre l’engagement » devant les élus, que les prix ne vont pas augmenter. Au regard des enjeux nationaux et surtout internationaux, la donne peut changer par « extraordinaire ». Le ministre a voulu être réaliste en s’appuyant sur le projet de loi. Sauf que personne ne saurait prédire l’avenir. « Je confirme. Le budget qui est devant vous ne dit nulle part que le prix du carburant à la pompe va augmenter. Il y a baisse de subvention tout simplement parce que le prix à l’international a baissé … La position du gouvernement est claire. Il n’y aura pas augmentation des prix à la pompe ». Cependant, il faut être vigilent, a indiqué un parlementaire. Car si les prix augmentent au niveau international, le gouvernement pourra réagir.
Le retard qui fâche
En réalité, plusieurs parlementaires sont repartis déçu après l’adoption de ce projet de loi de Finances. Ils relèvent pour le regretter, n’avoir pas eu le temps nécessaire de s’y pencher afin de faire des amendements au besoin. L’honorable Joshua Osih n’a pas caché son malaise face à cette situation devenue récurrente. «… ce projet de loi de Finances est arrivé chez nous le 1er décembre, avec 35 jours de retard… Comment on peut avoir un budget inclusif quand ceux qui sont sensé défendre les intérêts du peuple camerounais sont mis à l’écart ? Comment est-ce qu’on peut avoir un budget qui représente les aspirations du peuple camerounais quand on donne 20 heures aux honorables députés que nous sommes pour pouvoir défendre les intérêts des Camerounais. 20 heures entre le moment où la loi est déposée et le moment où la commission du budget commence son travail. C’est le délai imparti pour tout amendement … Depuis 2013, nous n’avons pas eu une seule loi des finances qui est arrivée à temps », s’est-il offusqué avant de quitter l’hémicycle. Plusieurs autres parlementaires ont regretté ce manquement. Pourtant, le gouvernement avait pris l’engagement de corriger cette question de dépôt tardif de la loi de Finances. Il faudra encore attendre. Le ministre des Finances a indiqué que : « Il n’y a aucune volonté de la part du gouvernement à faire en sorte que le projet de loi qui vous est soumis arrive tard. Il peut y avoir des contingences qui peuvent créer un retard. Il n’y a rien qu’on aurait voulu cacher dans ce projet ». Pour Joshua, ce projet de loi a été « bâclé ».
Un budget de 7 317,7 milliards
Le projet de loi de Finances a été adopté, sans surprise, ce dimanche. Le budget de l’Etat du Cameroun pour l’exercice 2025 s’équilibre en ressources et en emplois à la somme de 7 317,7 milliards de Fcfa contre 7 278,1 Fcfa milliards en 2024 ; soit une augmentation de 39,6 milliards en valeur absolue et 0,5% en valeur relative. Le budget général est projeté à 7 250,8 milliards Fcfa et celui des comptes d’affectations spéciale (CAS) à 66,9 milliards. Le budget général subit ainsi un accroissement de 38,3 milliards (+0,5) par rapport à 2024 où il se situait à 7 212,5 milliards. Quant aux CAS, ils enregistrent une légère augmentation de 1,3 milliards (+1,5%) par rapport à leur niveau de 65,6 milliards en 2024. S’agissant de la structuration du projet 2025, les recettes internes et les dons sont projetés à 5 548,1 milliards, en augmentation de 313,1 milliards par rapport à 2024 où elles se situaient à 5 235 milliards, soit +6,0% en valeur relative. Les recettes pétrolières, estimées à 734,8 milliards de Fcfa baissent de 66,8 milliards (8,3%) entre 2024 et 2025 à cause du recul du prix mondial du baril couplé à la baisse de la parité du dollar et du Fcfa. Les dépenses budgétaires totales (hors amortissement du principal de le dette) s’élèvent à 5 563,6 milliards de Fcfa contre 5 280,3 milliards de Fcfa en 2024, soit une hausse de 283,3 milliards en valeur absolue et 5,4% en valeur relative. Ces dépenses représentent 76,7 % du budget de l’Etat et se décomposent comme suit : a) dépense de personnel (1 586,6 milliards) ; b) biens et services (1 027,7 milliards) ; c) transferts et subventions (920,8 milliards) ; d) intérêts de la dette (378,2 milliards) ; e) dépenses en capital (1 650,2 milliards).