
« La principale innovation du projet de loi de finances 2025 porte sur la poursuite du dégrossissement des chapitres communs tel que prescrit par le chef de l’État. Il convient aussi de signaler que la dynamique de la baisse des subventions des prix des carburants à la pompe sera renforcée, celles-ci passant de 263 milliards de FCFA en 2024 à 15 milliards de FCFA » en 2025. Selon cet extrait de l’exposé des motifs du projet de loi de finances 2025, que le gouvernement a soumis à l’examen des députés le 1ᵉʳ décembre 2024, l’État du Cameroun envisage, une nouvelle fois, de réduire l’enveloppe de la subvention à la consommation des produits pétroliers au cours de l’année 2025, en la ramenant à seulement 15 milliards de FCFA, révélant ainsi une baisse de près de 250 milliards de FCFA par rapport à 2024.
Cette ambition gouvernementale rend de plus en plus plausible l’hypothèse d’une nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe dans le pays, dès le début de l’année 2025. En effet, dans le cadre de son programme économique et financier triennal (juillet 2021 – juillet 2024) avec le FMI, qui a été prorogé jusqu’en 2025, le gouvernement camerounais s’est engagé à supprimer totalement les subventions à la consommation des produits pétroliers, réputées capter des ressources pouvant être orientées vers l’investissement public. Pour ce faire, le gouvernement camerounais a procédé à deux hausses successives des prix des carburants à la pompe, en 2023 et 2024.
L’augmentation qui se profile à l’horizon devrait donc être la 3ᵉ, en l’espace de trois ans. Elle est d’autant plus probable que, selon la compilation des données officielles, la décision d’augmenter les prix à la pompe au cours des deux dernières années a permis à l’État de desserrer considérablement l’étau de la subvention des produits pétroliers autour des finances publiques. En effet, alors qu’elle dépassait 1000 milliards de FCFA en 2022, selon le chiffre révélé par le chef de l’État dans son discours à la nation du 31 décembre 2023, la subvention destinée à soutenir la consommation des produits pétroliers à la pompe est ressortie à 640 milliards de FCFA en 2023, après la première hausse des prix à la pompe. Ce qui révèle une baisse de 360 milliards de FCFA sur un an.
Entre 2023 et 2024, à la faveur de la 2ᵉ hausse des prix du super et du gasoil de 15 %, intervenue le 3 février 2024, le montant de la subvention est descendu à 263 milliards de FCFA, en baisse de près de 100 milliards de FCFA en glissement annuel. Il est désormais question de la réduire à seulement 15 milliards de FCFA en 2025, correspondant à une baisse de près de 250 milliards de FCFA. L’ampleur de la réduction de la subvention envisagée en 2025 laisse penser que l’augmentation des prix projetée pourrait dépasser les 15 % de l’année 2024. L’on se souvient qu’en début d’année 2023, le gouvernement était déjà allé au-delà de ces 15 %, en consacrant notamment une augmentation de 25 % sur le litre de gasoil, puis de 36,5 % sur le litre de pétrole lampant destiné aux industriels.
Cependant, dans son dernier rapport de notation sur le Cameroun, l’agence américaine Fitch fait remarquer que pour ne pas se mettre à dos l’électorat dans la perspective de l’élection présidentielle prévue dans le pays en octobre 2025, le gouvernement camerounais pourrait faire l’économie d’une nouvelle hausse des prix à la pompe. En dépit de l’engagement pris devant le FMI de supprimer la subvention à la consommation des produits pétroliers.
Brice R. Mbodiam
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