Entre le MRC et les médias, ce n’est pas le grand amour. La querelle est vive autour de la liberté de la presse. Le parti de Maurice Kamto, a émis des accusations de « stigmatisation » et d’ »incitation à la haine tribale » à l’endroit des médias publics et ces certains privés. Dans son communiqué signé par le secrétaire général Christopher Ndong Mveh, le MRC pointe du doigt la CRTV, Cameroon Tribune, Bnews1, LTM, Info TV, STV et Vision 4. Dans sa dénonciation, le parti politique estime que ces médias, basés à Yaoundé, opèrent dans la « stigmatisation » et « l’incitation ouverte à la haine tribale », en toute impunité.
Des accusations qui ont fait réagir l’ancien pensionnaire de Vision 4, Raoul Christophe Bia actuellement à Média Afrique News, une web TV panafricaine basée au Gabon. L’ancien grand reporter de la télévision de Nsam a invité le MRC à considérer une notion capitale aux médias : la ligne éditoriale.
« Sachez que chaque média a sa ligne éditoriale »
« J’ai exercé pendant douze ans et demi au Cameroun, dans une chaîne de télévision qui a parfois été prise à partie à cause de sa ligne éditoriale jugée trop biaisée, jugée trop de l’aile droite, de l’extrême droite du pouvoir. Oui, vous devez savoir – et je fais une petite parenthèse là-dessus – que les médias ont ce qu’on appelle, dans notre jargon, la ligne éditoriale. La ligne éditoriale, c’est un peu comme le code de conduite d’une entreprise, même d’une famille, d’un foyer. », déclare le journaliste, prenant exemple sur l’Occident.
« Si vous partez travailler à BFM TV, vous savez que BFM et LCI sont des médias mainstream, des médias d’opinion. Ils orientent. Moi, j’ai regardé la campagne présidentielle américaine. Je suivais beaucoup l’avant-campagne sur LCI. Et si moi, je n’avais écouté que LCI, pour moi, Kamala Harris allait gagner net et sans bavure. », ajoute-t-il.
« La dictature avant même le pouvoir »
Raoul Christophe Bia s’interroge sur les intentions du MRC en matière de liberté d’expression : « Quels sont ces gens qui veulent changer les choses et qui sont les premiers à instaurer la dictature ? Vous n’êtes pas encore au pouvoir, vous imposez déjà ce type de dictature. Quand vous serez là, mais il y aura plus d’exilés au Cameroun qu’actuellement ? »
Il compare la situation à celle du président Paul Biya, souvent caricaturé dans le journal satirique Popoli, et appelle les militants du MRC « à la responsabilité et à l’apaisement ».
Des réactions tous azimuts contre le MRC
Avant Raoul Christophe Bia, Ernest Obama, directeur général de Bnews1, avait également réagi aux accusations du MRC. Il a défié Maurice Kamto de « donner une preuve que sa chaîne est tribaliste » et l’a invité à « céder sa place de leader du parti », le jugeant inéligible à la présidentielle de 2025.
Ce mercredi, Dinaly, la propriétaire de LTM, a elle aussi, de façon plus formelle, rejeté les accusations du MRC, et a d’ailleurs exigé que sa chaine soit retirée de cette liste controversée du MRC. A défaut, que le parti publie un démenti si le communiqué du 11 février n’émane pas de lui. Affaire à suivre.