Au Cameroun, nous sommes à moins de 120 jours d’une élection présidentielle considérée comme la plus déterminante pour l’avenir du pays. Dans le camp de la majorité présidentielles, ce n’est pas la grande sérénité. Alors que le gouvernement se vide, et que les alliés fidèles de longues dates rompent et se positionnent en adversaires, le président sortant lui-même reste fidèle à son silence, face aux multiples appels et motions de soutien formulés et organisés par des partisans et « créatures ».
L’escalade des tensions s’est manifestée de manière concrète avec l’initiative de Jean Nkuete. Dans un « MESSAGE PORTE » daté du 4 juillet 2025, le Secrétaire Général du Comité Central du RDPC a convoqué une « séance de travail » d’importance majeure. Prévue pour le mardi 8 juillet 2025 à 10 heures à Yaoundé, cette réunion sera présidée en personne par Jean Nkuete. Les participants conviés représentent le gratin du RDPC, incluant notamment les Chefs de Délégation Permanente Régionale et Départementale du Comité Central, notamment pour la région du Centre, les membres et chargés de mission, les Présidents des sections du RDPC et de l’OJRDPC de Mfoundi, ainsi que les Sénateurs, Députés et Maires de Mfoundi.
Des certaines analyses, cette convocation est perçue comme une contre-offensive institutionnelle de la part de Jean Nkuete, qui voudrait réaffirmer son autorité et celle du Comité Central face à une hégémonie croissante de « l’homme à la punk ».
Télescopage
En effet, le mouvement de Jean Nkuete coïncide étrangement avec des « consultations » de même nature que mène Ferdinand Ngoh Ngoh. Le tout-puissant SGPR rencontre les mêmes figures du régime, agissant selon lui, au nom du président Paul Biya. Selon le programme des rencontres au Palais de l’Unité, la journée du mardi 8 juillet 2025, est prévue pour les passages des délégations du Littoral, à 13h et celles du Centre à 17h.
Deux options semblent donc ouvertes aux personnalités convoqué par Jean Nkuete. Soit elles répondent d’abord à l’appel de Nkuete à 10 heures avant de se rendre au Palais à 17 heures, ou alors choisir, chacune selon son appréciation sur la notion de priorité dans le cas d’espèce, lequel des deux rendez-vous, à honorer. Peu importe le choix, il reste que cette dualité de convocations et de démarches auprès d’une base militante et de cadres dirigeants similaire révèle l’existence de deux centres de pouvoir, deux dynamiques au sein d’un même parti en pleine ébullition.
À l’approche de la présidentielle, la guerre de succession semble désormais enclenchée en plein jour. Les tensions qui étaient peut-être latentes ou discrètes par le passé éclatent au grand jour. Entre le SGPR et le SG du Comité central, chacun semble bien vouloir affirmer sa légitimité et son influence sur l’appareil politique. Chose qui est alors perçue comme un indicateur de la phase critique que traversent le RDPC et son régime.