La Banque africaine de développement (BAD), l’un des principaux bailleurs de fonds du projet de construction de la route Batchenga-Lena, s’inquiète de la lenteur des travaux sur ce chantier. Serge N’Guessan, le directeur général du bureau Afrique centrale de la BAD, l’a fait savoir à l’entreprise chinoise Sinohydro lors d’une visite de terrain de deux jours, la semaine dernière. Pour ce dernier, « il faut travailler de jour comme de nuit ».
Si la BAD est aussi impatiente d’en finir avec les travaux de construction de cette route c’est parce que la clôture des financements est annoncée pour le 31 décembre prochain. A presque six semaines de cette échéance, plusieurs sections de ce chantier routier, dans la région du Centre, ne sont toujours pas achevées. Il reste encore 25 kilomètres de route à bitumer ainsi que quatre ponts à construire.
Reste à savoir si Sinohydro a la capacité d’achever ce chantier dans le délai imparti. Serge N’Guessan n’en doute pas. « Je connais des entreprises qui bitument 1 kilomètre par jour », fait-il savoir. Pour y arriver, il propose de doubler les équipes sur le terrain.
Le responsable du projet auprès du ministère des Travaux publics (Mintp) reconnaît que la réalisation de plus de 25 kilomètres en seulement six semaines représente un véritable défi. « Nous sommes en train de tout faire pour que les 25 km qui restent à bitumer soient achevés avant la fin de cette année », fait savoir Maurice Njontu, chef de la cellule des projets routiers à financement conjoint.
Pour relever ce défi, le Mintp a fait quelques propositions à Sinohydro. « Nous avons encouragé l’entreprise (Sinohydro) à multiplier les équipes. Nous l’avons autorisée à travailler de nuit, les jours fériés, et à mobiliser des équipes de jour et de nuit, avec la possibilité de doubler les équipes si nécessaire », fait savoir Maurice Njontu.
Ce n’est pas tout. Pour doubler le rythme des travaux, le Mintp a encouragé Sinohydro à utiliser des accélérateurs de prise afin de faciliter le séchage du béton. Grâce à cette méthode, le béton peut sécher en 15 jours, contre 28 jours en temps normal. Une méthode essentielle pour achever les quatre ouvrages de franchise qui restent à construire.
Il faut rappeler que cette route, qui fait partie du corridor de la Nationale no 15, a pris beaucoup de retard à cause, entre autres, de la défaillance de l’entreprise chinoise CR20, responsable de l’un des deux tronçons du chantier. Pour respecter les délais, Sinohydro, initialement en charge du second tronçon, a été mobilisée en février dernier pour combler les défaillances de CR20.
La route Batchenga-Ntui-Lena-Tibati-Ngaoundéré est une infrstructure stratégique. Car, elle offre un itinéraire alternatif – plus court d’environ 200 km – reliant les ports camerounais de Douala et Kribi à N’Djaména, principale ville et capitale politique du Tchad, améliorant ainsi l’intégration régionale en Afrique centrale.
Le projet d’aménagement de la nationale N°15 consiste au bitumage de 597 km entre Batchenga et Ngaoundéré. La première phase du projet comprend le bitumage de 412 km entre Batchenga et Ngatt, à 32 km de Tibati, dans la région de l’Adamaoua. Évalué à 359 milliards FCFA, il est financé notamment par la BAD (101 milliards FCFA), le Fonds africain de développement (9 milliards FCFA), la Banque islamique de développement (109 milliards FCFA), la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (40 milliards FCFA), l’Agence japonaise de coopération internationale (26 milliards FCFA), et l’État du Cameroun (27 milliards FCFA).
Ludovic Amara
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