
Le Fonds routier estime que l’entretien du réseau routier national, évalué à 121 873 km au 31 décembre 2024, nécessitera 1 097 milliards FCFA en 2025. Selon une évaluation réalisée en juillet 2024, ces travaux d’entretien portent sur un linéaire de 39 000 km, incluant 13 500 mètres d’ouvrages d’art, d’après des données compilées par le Fonds routier et consultées par Investir au Cameroun.
Dans le détail, les besoins de financement sont répartis comme suit. L’entretien routier à gestion centrale couvre 230 projets sur 9 000 km, avec un budget estimé à 313,6 milliards FCFA. L’entretien routier à gestion régionale concerne 120 projets totalisant 6 000 km, nécessitant 322,7 milliards FCFA. L’entretien routier à gestion communale représente 2 547 projets pour 23 000 km, avec des besoins financiers évalués à 460 milliards FCFA.
Or, d’après le Fonds routier, « les ressources mobilisées pour la campagne 2025, Budget d’investissements publics (BIP) et Fonds routier, s’élèvent à environ 100 milliards FCFA, soit 52 milliards FCFA pour le BIP et 47,78 milliards FCFA pour le Fonds routier ». De l’aveu même d’Esaïe Moussa Aubin, l’administrateur du Fonds routier, « ces ressources permettent de couvrir moins de 10 % des besoins recensés ». À noter que pour l’année 2025, la loi de finances ne prévoit que 60 milliards FCFA pour les opérations du Fonds.
Il faut dire que les ressources du Fonds routier, en plus de ne pas être suffisantes pour les besoins de ses missions, ne sont pas constantes. En 2018 par exemple, elles étaient de 51 milliards FCFA, et l’année dernière, ces ressources se plafonnaient à 43 milliards FCFA. En somme, depuis 2018, 310 milliards FCFA ont été affectés au guichet entretien du Fonds routier.
Comme conséquence de la modicité des financements disponibles une fois de plus pour l’année 2025, « la sélection des projets est subordonnée à la prise en compte d’un certain nombre de critères objectifs », fait savoir cette administration sous tutelle du ministère des Travaux publics.
De fait, compte tenu des ressources disponibles et à la lumière des critères de priorisation, le Fonds a arrêté 233 projets d’entretien routier répartis par niveau de gestion comme suit : 45 projets à gestion centrale, 11 projets à gestion régionale ; et 177 projets à gestion communale. Ces projets couvrent un linéaire de 5 460 km de route et de 1 499 m d’ouvrages d’art.
Ce qui ne représente qu’un taux de 4,5% du linéaire global du réseau routier national.
À l’analyse, l’insuffisance des ressources affectées au Fonds routier tient également au cadre réglementaire qui régit cet organisme, et ce, malgré la loi d’avril 2022 portant protection du patrimoine routier, qui lui confère plus de pouvoirs en matière d’entretien routier.
Une situation qui semble avoir retenu l’attention des autorités, au premier rang desquelles le président de la République. En effet, dans son discours à la nation le 31 décembre 2024, le présent Paul Biya a admis que « l’état de notre réseau routier ne reflète pas les efforts et les sacrifices qui sont consentis pour sa réhabilitation et son extension ».
En reconnaissant que les contraintes en la matière sont connues, « au premier rang de celles-ci, la disponibilité des financements », le président de la République a révélé avoir « instruit la réorganisation du Fonds routier, dans le sens d’accroître sa capacité à mobiliser les financements nécessaires à la réalisation des projets de construction, de réhabilitation et d’entretien des routes ».
Ludovic Amara
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