Dans un communiqué daté du 17 février, l’Ordre national des médecins du Cameroun dénonce des images prises lors des visites inopinées des autorités sanitaires dans les hôpitaux en circulation sur la toile.
Dans une vidéo d’à peine une minute, visiblement prise à l’aide d’un téléphone, l’on aperçoit le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie courroucé. Devant le personnel médical, le Minsanté exige des noms. « Je veux des noms maintenant. Qui a fait et n’a pas signalé, parce que c’est une dame qui est en train d’attendre. Si c’était vous, ou votre mère ou votre sœur, alliez-vous accepter cela ? Alors pourquoi vous ne le faites pas ? C’est une urgence. Monsieur le chef, je veux le nom de celui qui n’a pas fait », exige Manaouda Malachie. La vidéo date du dimanche 16 février 2025, lors d’une visite inopinée à l’hôpital régional de Ngaoundéré dans l’Adamaoua.
Dans une décision du ministre de la Santé publique du 17 février 2025, Gaya Hamza remplace Mamoudou à la tête de cette formation sanitaire. Le médecin chirurgien, traumatologue en service à l’hôpital régional de Garoua devient ainsi le directeur par intérim de l’hôpital régional de Ngaoundéré. L’ancien directeur est appelé à d’autres fonctions. Le Minsanté multiplie depuis quelques temps des visites inopinées dans les formations sanitaires à travers le pays. Le 15 janvier 2025, il s’est rendu les hôpitaux de la capitale économique. En mai 2023, c’était au tour des hôpitaux de Yaoundé de recevoir des visites surprises du patron de la Santé. Selon une source appartenant au corps médical, la récente vidéo a davantage choqué des médecins. L’Ordre national des médecins du Cameroun s’offusque de la présence des caméras de télévision lors des descentes des autorités sanitaires dans les hôpitaux.
Dans un communiqué daté du 17 février 2025, l’ONMC dénonce ces images avilissantes qui circulent sur la toile. « Des vidéos humiliantes pour le personnel de santé circulant de façon virale sur les réseaux sociaux, suscitant ainsi de nombreuses réactions y compris celles des confrères étrangers », lit-on sur la note.
Des vidéos humiliantes
Tout en reconnaissant le droit aux autorités sanitaires d’effectuer toutes sortes de contrôle et évaluations administratives sur le terrain, l’ONMC préconise la discrétion et le respect dans la gestion des éventuels cas de défaillance professionnelle des agents de santé. « Même en cas de fautes, des enquêtes et sanctions doivent suivre une procédure bien établie au sein du ministère de la Santé publique et des Ordres professionnels », est-il mentionné. Le communiqué met aussi en exergue le droit inaliénable à la dignité du personnel de santé en dépit des situations afin de préserver l’image du Cameroun. « La présence des caméras de télévision et de téléphone prenant des vidéos altèrent significativement la sacralité des enceintes hospitalières, fragilisent la confiance des populations envers les soignants et les hôpitaux et renvoient une image négative de la profession tant à l’intérieur qu’à l’extérieur », écrit l’ONMC.