Selon le reportage de Franck Foute pour Jeune Afrique, le ministre a justifié cette action par des soupçons de « financements illicites », de « blanchiment de capitaux » et de « financement du terrorisme ». Parmi les organisations visées figurent deux acteurs majeurs de la défense des droits humains : le Réseau des défenseurs des droits humains au Cameroun (Redhac) et Reach Out Cameroon.
Le ministère pointe des irrégularités financières significatives : ces organisations auraient reçu environ 16 milliards de francs CFA de financements, alors que leurs activités sur le territoire n’excéderaient pas 400 millions. Certaines auraient même reçu des fonds de l’étranger, ce qui serait contraire à la législation en vigueur.
La célèbre avocate Alice Nkom, présidente du Redhac, a rapidement réagi. Le 9 décembre, elle a brisé publiquement les scellés apposés sur ses bureaux et annoncé un recours en justice, déclarant : « Le combat ne fait que commencer et j’irai jusqu’au bout. »
Dans son article, Jeune Afrique souligne que cette offensive intervient à un an de l’élection présidentielle, et pourrait être perçue comme une tentative de contrôler les organisations de la société civile les plus critiques envers le gouvernement.
Le ministre, qui se surnomme lui-même « Moulinex », a clairement affiché sa volonté de « mettre un terme à la tolérance administrative », dans un contexte où le Cameroun est placé sur la liste grise du Groupe d’action financière (Gafi) pour ses défaillances dans la lutte contre la criminalité financière.
Un coup de force qui soulève de nombreuses questions sur la liberté d’action des organisations de défense des droits humains au Cameroun.