Ce nouveau spectacle de Martin Ambara a été présenté au public hier, 22 mai à Othni-Laboratoire de théâtre de Yaoundé. Il revient avec subtilité sur un pan peu connu de l’histoire pré et post coloniale.
Après le mythe de ‘’Ndenn Bobo’’, le metteur en scène Martin Ambara revient sur le plateau avec une autre création. Cette pièce théâtrale est intitulée : « Manoka express ». C’est une œuvre de Othni Laboratoire de Théâtre de Yaoundé. La première création a joué à Mönchengladbach en Allemagne en 2023. Et en 2024, la pièce a été reprise à Krefeld, toujours en Allemagne. Cette pièce a un lien étroit avec la présence allemande au Cameroun. En effet, dans les fouilles sur l’histoire allemande au Cameroun, les chercheurs vont trouver le cimetière des Allemands qui se trouve au niveau du ministère des finances. Il était donc question de rencontrer ceux qui connaissent mieux l’histoire du Cameroun.
Dans cette fouille poussée, la rencontre avec le Pr Valère Epée va donner une nouvelle coloration à la grande curiosité des chercheurs. C’est donc cet enseignant qui va conduire cette équipe à Manoka, une ile peu connue des Camerounais. Pourtant, elle abrite la grande bâtisse laissée à la veille de la première guerre mondiale par les allemands. C’est l’un des symboles de la présence allemande au Cameroun. « Cette bâtisse est tout un concentré de l’histoire du Cameroun. Les allemands vont construire cette bâtisse aux approches de la première guerre mondiale pour surveiller les ennemis. Ils avaient le devoir de surveiller le Cameroun qui était le Cameroun à l’époque. Cette bâtisse va par la suite être récupérée par les anglais et les français ; et au final par l’administration camerounaise après les indépendances. C’est dans cette bâtisse que vont mourir plusieurs Upcistes. On va les emprisonner au 3e niveau. On vient les prendre par hélicoptère pour les laisser au milieu de la mer », raconte Martin Ambara.
C’est donc à partir de ce récit saisissant du Pr Valère Epée que Martin Ambara va écrire la pièce. Une sorte de révolte face aux atrocités subies par nos devanciers sur cette ile située dans la région du Littoral. Ce ‘’voyage vers Manoka’’ est un appel à la reconnexion avec notre histoire peu connue. Ce spectacle d’environ 90 à 100 minutes va mettre sur le plateau 10 comédiens pour questionner notre identité à travers l’histoire entre l’occident et nous. « L’écriture est une révolte, une purgation de savoir que je vis dans un pays sans connaitre vraiment l’histoire et ses réalités. C’est du théâtre expérimental qui fait fi des structures codées par les précurseurs de cet art. Ce voyage d’écriture et d’exploration a duré 3 ans ». Pour Katch Will, acteur : « Manoka est en réalité une création de remise de parchemin à la nouvelle cuvée en formation. Manoka parle de la période pré et post coloniale. Les exactions allemandes et autres colonisateurs. Ça nous interpelle tous ; c’est une partie de notre histoire. Il y a un engagement dans le jeu d’acteur, la façon de dire les choses via la gestuelle, le mouvement sur la scène, le physique… ». Un livre au sujet de cette création est en cours d’édition. Cette pièce a été présenté hier a Othni Laboratoire de Théâtre de Yaoundé. Elle sera également jouée ce soir dès 20 heures et la semaine prochaine. Cette création est également un appel à faire rite pour nos morts pour que demain soit meilleur.
