Une simple observation sur la « vigueur » de la main du Président Paul Biya lors du défilé du 20 mai 2025 a plongé Me Claude Assira, avocat réputé pour son engagement en faveur du droit et de la justice, au cœur d’une vive polémique au Cameroun. Accusé de loyauté envers le régime et d’une supposée volte-face, l’homme de loi est sorti de son silence pour dénoncer ce qu’il qualifie de « bêtises » et de « machination grossière et injuste ».
Dans une longue et détaillée déclaration, Me Assira exprime un mélange de « tristesse, amusement et révolte » face aux critiques qu’il endure depuis l’incident du 20 mai. Il s’étonne particulièrement que des figures comme Issa Tchiroma Bakary, qu’il décrit comme ayant « raconté des bobards sur Paul Biya depuis plus de 20 ans » avant de retrouver sa « lucidité », soient devenues les « cautions de ces nouveaux Ayatollahs » pour le jeter en pâture. Pour l’avocat, son commentaire du 20 mai, qu’il qualifie de « mi-sérieux mi-amusé », a été affublé d’une valeur politique qu’il était « loin d’imaginer ».
Déclaration de Me Claude Assira :
« QUAND ON N’A PLUS DE MOTS, IL NE VOUS RESTE QUE DES MAUX…
Au niveau de bêtises de ce que je lis sur mon nom depuis le 20 Mai 2025, je suis partagé entre la tristesse, l’amusement et la révolte.
J’ai observé jusqu’à présent, sur les conseils de nombreux amis un silence total, espérant que mes censeurs, ces pourfendeurs et autres donneurs de leçons de loyauté finiraient par retrouver tout seuls la raison mais, j’observe que ça n’a pas l’air de se calmer. Hier, un Issa Tchiroma Bakary qui raconte des bobards sur Paul Biya depuis plus de 20 ans pendant que nous nous battons (à mains nues et à visage découvert) pour la Justice dans notre pays et qui ne vient que de retrouver sa lucidité est devenu la caution de ces nouveaux Ayatollahs pour me jeter l’anathème et affubler mon commentaire mi-sérieux mi-amusé du 20 Mai d’une valeur politique que j’étais loin d’imaginer.
Tout d’abord, avant de discuter des questions de principe, soyons factuels et tenons-nous en à mon message.
Dire que la main d’un homme de 93 ans a une « certaine » vigueur n’interpelle même pas un peu? « Certain » ici est une façon de relativiser la vigueur. « Certaine vigueur » est différent de « vigueur certaine ». Il est normal qu’un homme de cet âge ait les faiblesses de son âge, mais il a néanmoins une « certaine vigueur » (contrairement à ce qui pourrait être pour beaucoup de personnes au corps flasque et gélatineux que mon expérience des jobs étudiants m’a permis de découvrir et contrairement à la momie qui a souvent été décrite). Le constater est-il criminel ? Vous auriez sans doute préféré que je dise ce qui vous aurait arrangé mais, au risque de me répéter, la main avait une « certaine » vigueur. C’est un constat factuel.
Mais, en même temps, le dire n’est pas un certificat médical d’aptitude. Tout le monde sait que pour ce genre d’occasion, le PRC est soigneusement préparé par son équipe médicale. Il peut donc être vigoureux pour la circonstance sans que ce ne soit un certificat médical d’aptitude à diriger.
Au demeurant, contrairement à beaucoup qui misent sur l’âge de Biya pour soutenir son inaptitude à diriger ou à se représenter, il y a son bilan. On n’est pas responsable de son âge, mais on est responsable de ce qu’on a fait bien ou pas ou qu’on n’a pas fait. C’est ça le bilan. À longueur de prises de position, écrites ou orales, personne ne m’a jamais entendu parler d’un bilan positif de M. Biya ni d’un appel à ce qu’il se représente. Personne !!!
Le bilan du Renouveau est notoirement, globalement négatif et c’est suffisant pour donner des arguments à ceux qui le combattent.
Enfin, voyons la tonalité générale de ce message du 20 Mai 2025 publié sur ma page Facebook. Il est rédigé sur un ton tellement détaché que je m’étonne qu’il puisse y être donné une compréhension sérieuse ou politique.
Ici, je voudrais savoir lequel de mes donneurs de leçons peut avoir les états de service que j’invoque. Mon action constante depuis plus de 14 ans au service du Droit, de la Justice, de l’Equité n’a jamais été démentie par rien.
J’ai connu, depuis mon père, la violence et la brutalité de ce régime avec lequel on est bien obligé de composer par amour pour son pays ou par simple pragmatisme. Je ne pense pas que les responsables politiques aujourd’hui dans l’opposition qui ont collaboré autrefois avec le régime Biya autrement plus que par un commentaire amusé un jour de fête nationale soient à jamais bannis et désormais inhabiles à revendiquer une quelconque sincérité.
Je ne suis pas certain que mes pourfendeurs d’aujourd’hui puissent savoir ce que c’est qu’un fils qui défend l’honneur de son père depuis 25 ans devant les juridictions camerounaises contre les avanies de l’Etat du Cameroun. Ces avanies ont construit ou renforcé une révolte congénitale contre l’injustice, d’où qu’elle vienne. Je n’ai jamais eu besoin de personne pour me l’insuffler et rien ni personne ne pourra me l’ôter.
Personnellement, aucune de mes actions n’a jamais prêté à équivoque sur la volonté de changement dans ce pays, toutes les politiques menées étant en échec depuis au moins 1984. Je mets au défi quiconque de trouver un seul de mes propos qui ait jamais dit le contraire. Comme avocat, comme citoyen, j’ai toujours mis un point d’honneur à défendre sans contrepartie le juste, le droit et la justice. J’ai mis mon énergie d’avocat, mon dynamisme, à traduire mon indignation pour tout ce qui est une injustice. J’ai, alors que mes pourfendeurs d’aujourd’hui étaient ou sont cachés derrière des pseudos et leurs claviers, toujours combattu, à mains nues et à visage découvert toutes les injustices, toutes les anomalies devant le conseil constitutionnel, le Tribunal militaire, la cour d’appel, les caméras, les écrits, etc. Si vous êtes justes, que vaut le jugement de 3 secondes, où il est allégué le constat d’une « certaine » vigueur de la main du PRC aux côtés d’un choix déterminé et assumé pour la défense des opprimés ?
C’est incroyable et hallucinant ce que je lis! Les mots me manquent pour exprimer ma peine.
Que nos frustrations ne nous fassent pas perdre de vue l’essentiel et surtout l’exigence de justice que nous devons avoir vis-à-vis de nos semblables.
Enfin, en ayant accepté de défendre le MRC et les militants poursuivis, je n’ai pas adhéré au MRC et donc, ne suis soumis à aucune autre discipline que celle de ma conscience et de ma liberté. S’il y en a un qui remet en cause mon constat, il n’y a qu’une chose à faire : interroger ceux qui se trouvaient à mes côtés dans le même espace de temps et de lieu. S’il y a un avis contraire, on peut débattre. Comment peut-on sans avoir apporté la contradiction, se contenter d’une simple mise en cause de l’honorabilité d’un citoyen sur des fondements aussi futiles, aussi légers, aussi spéculatifs? Respectons-nous!
Je le redis ici tout ce qui est dit ici, ce n’est que des polémiques inutiles. Ca m’aurait amuse si ça n’avait ce caractère de machination grossière et injuste pour quelqu’un qui a épousé vos combats uniquement au nom du droit et de la justice. (…)
Mais disons-le aussi, en disant que la main du Président de la République avait une certaine vigueur, je n’ai pas entendu adhérer au RDPC ou au club des Biyaistes.
Cette simplification m’attriste.
On m’aurait fait une offre ou bien c’est moi qui aurais fait un appel du pied. Depuis 4 ou 5 ans, je souhaite un joyeux anniversaire au PRC via ma page Facebook. En quoi cela m’a-t-il jamais empêché de le critiquer et de souhaiter son départ. Je suis le conseil de l’Etat du Cameroun dans un procès à retentissement. En quoi cela a-t-il jamais entravé ma liberté d’expression et mes demandes ci-dessus évoquées ? C’est à croire que ceux que vous combattez politiquement sont plus indulgents (plus intelligents?) que vous car, ils ne voient que la qualité de la personne et ne lui demandent de faire obédience ou obéissance absolue.
C’est le fait d’avoir serré la main du PRC qui devient un problème parce que ça va avoir des conséquences sur ma sincérité?
Vous êtes si habitués à fréquenter les affamés que vos esprits en deviennent confus. Mon intérêt personnel n’est rien à côté de l’intérêt collectif, Messieurs
Personne n’est obligé de justifier son appartenance à tel ou tel parti politique (je ne la requiers même pas pour accorder mon accompagnement) mais, pourquoi moi, je devrais justifier de mes choix ou de mes préférences si tant il est que j’en ai. Pire encore, moi, je n’ai pour seul parti politique que la République du Cameroun
Donc, cherchez-vous d’autres cibles ou attaquez-moi sur des choses fondées. Arrêtons les jeux de massacre pour exister et se faire voir en déblatérant sur autrui. Ça ne grandit personne. Pas les auteurs… »