L’Ordre des Avocats au barreau du Cameroun ne tolère plus les violences exercées par les forces de maintien de l’Ordre sur ces agents. Dans un communiqué datant du 3 mars dernier et signé par le bâtonnier, l’on apprend que dans la matinée du samedi 1er mars 2025, des vidéos ont circulé de manière virale sur les réseaux sociaux montrant des agents de police qui exercent des violences et autres actes de barbaries sur un avocat. La veille, le barreau avait déjà appris qu’un autre avocat ayant dénoncé des violations des droits de ses clients avait été séquestré par des agents et officiers des forces de l’ordre afin qu’il se rétracte, ce qu’il a dû faire pour recouvrer la liberté. Suite aux violences physiques, barbarie et autres traitements inhumains et dégradants dont sont victimes les avocats, de la part des forces de l’ordre, le Conseil de l’Ordre a siégé le 3 mars dernier. Au terme dudit conseil présidé par le bâtonnier, il a été décidé d’engager les poursuites judiciaires pour que les auteurs des actes de violences perpétrés sur les avocats puissent répondre de leurs actes. Le Conseil de l’Ordre a également décidé de suspendre le port de la robe.
Les avocats ne seront pas devant les tribunaux du pays pendant la période de suspension qui va du 5 au 7 mars 2025. La décision du Barreau portant suspension du port de la robe intervient moins de cinq mois avec l’affaire Me Richard Tamfu. Cet avocat au barreau du Cameroun avait été brutalisé par les gendarmes alors qu’il était parti assister l’une de ses clientes. Après les violences perpétrées sur Me Tamfu, une plainte du barreau avait été déposée devant le tribunal militaire de Douala contre les gendarmes incriminés. Quelques mois avant le cas de Me Tamfu, un autre avocat avait été brutalisé dans un commissariat à Bafia. Depuis novembre dernier, le Barreau a initié des rencontres avait des responsables du ministère de la Justice, de la Délégation générale à la Sureté nationale et de la gendarmerie pour trouver un cadre de collaboration afin de permettre aux avocats d’exercer librement leur mission d’assistance de leurs clients. Tout laisse croire que ces séries de rencontres ont du mal à prévenir les violences dont les avocats subissent de la part des forces de maintien de l’Ordre. En 2019 et 2020, le Barreau avait déjà initié des opérations de suspension de port de la robe pour manifester contre les abus que subissent ses membres. Mbah Eric Mbah, le bâtonnier affirme que dans un Etat lorsque les avocats sont maltraités par les forces de maintien de l’ordre, cela constitue une grave menace pour l’Etat de droit. « Si on brutalise les avocats imaginons ce que subissent les autres Camerounais qui n’ont point de bouche », souligne le bâtonnier.