
Au cours de l’année 2024, l’encours des titres publics en circulation dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA) a atteint 10,6 % du PIB de cet espace communautaire. Ce chiffre, contenu dans le dernier rapport de politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), publié en mars 2025, révèle le dynamisme du marché au cours des cinq dernières années, puisque l’encours des titres émis par les États ne représentait que 3,8 % du PIB de la Cemac en 2020.
Cependant, malgré cette progression notable, le marché des titres publics de la Cemac reste en retard par rapport à celui de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), qui regroupe huit pays d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo). À titre d’exemple, souligne le rapport de la BEAC, à fin 2020, l’encours des titres publics émis par les pays de l’Uemoa sur le marché de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) représentait déjà 11,9 % du PIB communautaire, soit pratiquement quatre fois le niveau atteint dans la zone Cemac.
En 2024, la suprématie du marché des titres publics de l’Uemoa s’est poursuivie. En effet, alors que les Trésors nationaux de la Cemac ont officiellement mobilisé 5 079,3 milliards de FCFA sur le marché sous-régional des titres publics cette année-là, en hausse de 16% en glissement annuel, les levées de fonds effectués par les pays de l’Uemoa sur leur marché ont atteint 8127 milliards de FCFA, correspondant à une hausse de 13% en un an. Mieux, sur l’année, un pays comme la Côte d’Ivoire a mobilisé, à lui tout seul, 3543 milliards de FCFA. Ce qui représente près de 70% des financements obtenus au cours de la même année sur le marché des titres publics de la BEAC par l’ensemble des six pays de la Cemac.
Le rapport de politique monétaire de la BEAC n’explique pas les raisons du retard du marché des titres de la Cemac par rapport à celui de l’Uemoa. Cependant, il peut découler d’une culture financière plus ancienne en Afrique de l’Ouest que dans la zone Cemac. En effet, il existe dans l’Uemoa un marché des bons du Trésor depuis 1996, même si celui-ci ne décollera véritablement qu’à partir des réformes adoptées en 2001, avec notamment son élargissement aux obligations du Trésor. Dans la Cemac, ce marché n’a été lancé qu’en 2011, soit 10 ans après celui de l’Uemoa.
Au demeurant, en dehors de leur dynamisme à vitesse variable, les marchés des titres de l’Afrique de l’Ouest et de la Cemac se rejoignent sur la prédominance des émissions des bons du Trésor assimilables (BTA). Le recours accru à ces titres de courtes maturités traduit les tensions de trésorerie auxquelles font face aussi bien les pays de la Cemac que de l’Afrique de l’Ouest regroupés au sein de l’Uemoa.
Brice R. Mbodiam
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