Le sous-préfet de cette localité évoque les menaces de troubles à l’ordre public pour justifier sa décision, alors que la manifestation publique du parti politique de Jean Michel Nintcheu était prévue le dimanche 13 avril 2025.
Les militants et sympathisants du Front pour le Changement du Cameroun (FCC) avaient rendez-vous au foyer Bandjoun de Mbanga, dimanche 13 avril dernier dès 9 heures. Ils devaient y prendre part, à une manifestation publique pourtant déclarée à l’avance auprès des autorités de cette ville du département du Moungo, située à seulement 65 kilomètres au nord de la capitale économique Douala.
Rendus au lieu convenu pour la manifestation, les militants du FCC vont constater le bouclage des lieux par les forces de sécurité, déployés dès les premières heures de cette matinée. Ils sont interdits d’accès et n’ont d’autre choix que de regagner leur domicile. Et pour cause, la manifestation était interdite depuis le 10 avril par le sous-préfet de ladite localité. Le motif évoqué par l’autorité administrative s’inscrit dans un crédo bien connu dans le paysage politique camerounais de ces dernières années : « menaces de troubles à l’ordre public ». Le sous-préfet indique dans sa correspondance qu’il « ne lui a pas été possible, en l’état du renseignement prévisionnel actuel, de réserver une suite favorable » à la sollicitation du FCC « en raison de sérieuses menaces de trouble à l’ordre public ».
Un motif qualifié de fallacieux par le président de cette formation politique, Jean-Michel Nintcheu, qui n’a pas tardé à commettre un communiqué, le lendemain, 11 avril pour fustiger le trop de zèle des autorités administratives à la solde du « parti-État », selon les propos de l’ancien président régional du Social Democratic Front (SDF) dans le Littoral.
« Deux poids deux mesures »
Selon le président national du FC, le motif évoqué par le sous-préfet de Mbanga, met à nu « l’inaptitude voire l’incompétence du renseignement prévisionnel dans la ville de Mbanga ». Il est d’autant plus incompréhensible que, le 24 avril dernier, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) a organisé une manifestation publique grandeur nature dans la même ville, à l’occasion de la célébration de l’an 40 du parti au pouvoir, sans rencontrer le moindre écueil ni la moindre hostilité de la part de l’autorité.
« Par cette interdiction arbitraire, le sous-préfet de Mbanga vient de démontrer, une fois de plus et une fois de trop, que le régime de déclaration de manifestation publique pourtant inscrit dans la loi N°90//055 du 19 décembre 1990 obéit à une logique à géométrie variable selon qu’on est de l’opposition ou du parti-État », dénonce Jean-Michel Nintcheu. Il ajoute que son parti « n’acceptera plus de tels comportements rétrogrades de deux poids deux mesures, d’ostracisme hideux et à tête chercheuse de quelque autorité administrative qui se permettra dorénavant de violer de façon flagrante et inadmissible la liberté d’expression et la liberté de manifestation publique pacifique pourtant inscrites dans la Constitution de la République ».
Depuis le début de l’année, l’on assiste à un regain d’activités au sein des états-majors des partis politiques dans la perspective de la prochaine élection présidentielle prévue en octobre prochain. C’est dans ce contexte que se situe la manifestation publique du FCC, dont l’interdiction pourrait se justifier par le soutien que ce parti politique a décidé d’apporter au candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), en quête d’un parti tiers pour investir son leader lors de la prochaine présidentielle, ce alors que des manœuvres s’intensifient au sein du pouvoir pour exclure ce parti du jeu.