Dans son éditorial du 30 septembre 2024, Jean François Channon, directeur de publication du quotidien Le Messager, évoque les défis auxquels fait face Paul Biya à l’approche des élections présidentielles de 2025. Le journaliste note que, après près de 60 ans d’engagement au service de l’État, Paul Biya Biya, 92 ans, a le droit au repos. J.F Channon appelle à une réflexion sur la situation actuelle du Cameroun, où la majorité des citoyens vivent dans la pauvreté, tandis qu’une élite corrompue prospère. Chanon plaide pour des élections transparentes, et soutient que même les sages doivent reconnaître les souffrances de leur peuple et envisager une transition pacifique du pouvoir.
Lire ci-dessous l’éditorial de Jean Francois Chanon:
Nous sommes en démocratie. Ou alors supposé comme tel. Dire que le président de la République est fatigué après presque 60 ans d’activités permanentes au service de l’État, n’est en rien un crime de lèse-Majesté.
Le Chef de l’Etat du Cameroun a beaucoup donné. Il a le droit au repos. Aujourd’hui, il y a lieu d’inviter à la conscience intrinsèque de l’Homme du 6 novembre 1982. Hier, la 64e édition de la finale de la Coupe du Cameroun s’est déroulée avec faste et solennité au stade omnisport Ahmadou Ahidjo.
Mais sans lui. L’année dernière, c’était le même scénario. Le rendez de la Coupe du Cameroun de football du Cameroun, fête quasi populaire pour le monde sportif qui clôture chaque année en l’année sportive nationale, n’a jamais été manqué par un Chef d’Etat camerounais deux ou trois années de suites. De quoi s’agit donc? Il s’agit de dire qu’un Homme d’État au service de l’État depuis près de 60 ans et qui s’est montré presque fidèle à l’idéal patriote, et surtout fidèle à ceux qui ont toujours dominé le Cameroun, a droit d’exister après le travail accompli. Le président Biya a droit au repos. 2025 arrive ! Dans son propre camp, il doit se dire des choses que lui inspire sa propre conscience d’ un homme d’État respecté sans le monde.
Paul Biya a rencontré les grands de ce monde. Certains de ces grands hommes ont disparus. Lui, notre président reste debout. Debout ? Oui et non. Le drame, c’est que nous sommes dans un pays où, hélas, il y a trois mondes. Un premier monde dans lequel vit la grande majorité des citoyens vigoureusement appauvris, et pour qui la quête du bien-être est fortement compromise, handicapée, et presque assassinée. Le deuxième monde du Cameroun est celui des fonctionnaires. Mal payés, ils doivent vivre des rentes et rapines, et qui organisent leurs survies virtuelles en installant des réseaux de la petite corruption dans les services publics avec comme finalité une morbide volonté d’essayer de « réussir sa vie » Enfin, le troisième monde est celui de la bourgeoisie régnante corrompue qui a pillé les fonds publics et s’impose sur tout le Cameroun.