Depuis de nombreuses années, le secteur agricole est le plus gros pourvoyeur d’emplois au Cameroun. Mais, selon le rapport Pays 2024 de la Banque africaine de développement (BAD), intitulé « Impulser la transformation structurelle du Cameroun par la réforme de l’architecture financière mondiale », l’impact du secteur agricole en matière de création des emplois dans le pays a beaucoup régressé au cours de la période 1990-2018.
Dans le détail, le rapport de la BAD révèle que la part des emplois du secteur agricole dans les emplois globaux au Cameroun ressort à seulement 54% en 2018, après avoir atteint 75% en 1990, traduisant ainsi une diminution de 21% en 30 ans. Le document de la BAD souligne que cette baisse a été « amorcée au milieu des années 1990 ». Cette période correspond au désengagement de l’État dans les grandes filières agricoles comme le cacao et le café, avec la liquidation de l’Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb) ; ou encore de la filière banane, avec la privatisation de l’Office camerounais de la banane (OCB).
« La part de l’emploi agricole s’est réduite au profit de celle de l’emploi dans le secteur des services (tertiaire, NDLR) », soutiennent les rapporteurs de l’institution financière panafricaine. Concrètement, poursuivent-ils, « la part de l’emploi du secteur du commerce de gros et de détail, par rapport au stock d’emploi total, s’est en revanche accrue, passant de 7,3% en 1990 à 17,7% en 2018 ». En d’autres termes, au cours de la période sous revue, alors que les emplois agricoles diminuaient dans un contexte de privatisation et de libéralisation des filières cacao, café et banane, l’on a assisté à une explosion des activités commerciales au Cameroun.
Dans le même temps, apprend-on, les recrutements massifs dans la Fonction publique ont permis de faire passer la part des emplois du secteur public à 6,4% en 2018, contre seulement 1,8% en 1990. « Celle du secteur manufacturier a légèrement augmenté, passant de 5,6% en 1990 à 8,9% en 2018 », indique le rapport, révélant ainsi qu’au cours de la période, le secondaire a été le secteur le moins dynamique en matière de création des emplois au Cameroun. « La répartition actuelle de l’emploi entre les différents secteurs d’activité n’est pas révélatrice d’un développement industriel affirmé, et encore moins de la transformation structurelle souhaitée », conclut la BAD.
Brice R. Mbodiam
- Politiques économiques